Que César ait été un grand capitaine, nul n'en doute. Les personnes les moins informées ont au moins entendu parler du siège d'Alesia, et de la défaite des Gaulois. Nos contemporains penseront ensuite au conflit avec Pompée et à la bataille de Pharsale. Mais ils ne seront pas les seuls à posseder un savoir. Grace à Goscinny et Uderzo, les lecteurs de bandes dessinées croient bien connaître le conquérant de la Gaule. Quant aux amateurs de cinéma, ils ont tous vu au moins une fois le beau visage de Cléopatre et le profil de César.

Un militaire

Mais, s'il est impossible de lui nier du génie pour les batailles terrestres, comment les conduisait-il, et que valait-il pour les engagements en haute mer ?

Et savait-il aussi bien organiser l'ordre de marche de ses troupes, leur faire dresser le camp ? Et était-il efficace pour assiéger une ville ? L'echec de Gergovie a semé le doute chez certains. La guerre, pour laquelle César, auteur du De bello gallico, avait un goût certain, constituait-elle pour lui une fin en soi, ou bien cachait-elle un autre but plus ultime ? Préférait-il les combats sur les champs de bataille ou dans les arènes politiques ?

Un écrivain

L'amateur d'histoire qui veut connaître César et lit les livres qu'il a écrit rencontre un problème.Le plus chaud des partisans de César, c'est... César lui-même. Certes, il écrit merveilleusement bien, il emploie un ton aussi neutre que possible et il parle de lui à la troisième personne du singulier, tournure qui laisse une impression d'objectivite.

Il n'en reste pas moins un des plus grands menteurs de l'histoire ! Il grandit ses succès, et aussi ses adversaires pour accroitre ses merites. De plus, il suscite l'admiration d'un certain nombre de ses lieutenants, qui ont pris sa suite pour raconter des épisodes de guerre de leur chef. Il a enfin des partisans, les « césariens » : l'historien Salluste, par exemple, et le poète Ovide, fils adoptif du dictateur.

Les ennemis de Cesar, « republicains » ou « pompeiens », manifestaient un égal acharnement : Plutarque, Suetone, Appien et Dion Cassius. Au nombre des ennemis les plus acharnés de Cesar, notons l'historien Tite-Live, et le poète Lucain.

Des sources manquant d'objectivité

On ne trouve que peu d'auteurs capables de porter des jugements contrastés.

On n'en accordera que plus d'intérêt à Pline l'Ancien qui, après avoir exprimé son admiration pour le personnage, ajoute un commentaire négatif. En effet, apres avoir estimé le nombre de morts causées par les guerres de Cesar, il ajoute qu'il ne lui fera pas « un titre de gloire d'un pareil crime contre l'humanité ». Devant cette diversite d'opinions, le lecteur se trouve décontenancé par des portraits contradictoires : il se trouve confronté à plusieurs Césars.

Jules ou César ?

Cesar est né a Rome le 22 juillet de l'année 100 av. J.-C. Son nom était Caius Iulius Caesar, Caiifilius, Caii nepos, c'est-à-dire « Caius Jules Cesar, fils de Caius, petit-fils de Caius ». Jules était donc en fait son nom de famille, son cognomen César.

Le cognomen le désignait en tant qu'individu, comme font nos prénoms. Dans la vie quotidienne, on l'appelait donc Caesar. Ce que signifie ce nom, personne ne le sait. Autrefois, les historiens disaient qu'il avait été ainsi dénommé parce que sa naissance aurait ete permise par une césarienne. Cette étymologie ne peut pas être acceptée : si cette opération etait bien pratiquée dans le monde romain, elle ne l'était qu'une fois la mère décédée et pour sauver l'enfant. Or la mère de César a vécu longtemps après cet accouchement. S'il faut faire confiance aux philologues, deux possibilites doivent être envisagées : caesius designe un homme aux yeux pers et caesaries la chevelure.

Le politique

Alors qu'il a tant voyagé, César n'a eu en vue qu'un petit espace proche de lui : Rome, et surtout le Forum et la curie.

Et alors qu'il a tant guerroyé, il n'a eu comme objectif que le pouvoir. La guerre, pour lui, n'était qu'un moyen pour réussir en politique. Les historiens cherchent en César un militaire : ils trouvent un politique. César a grandi dans un siècle de crises politiques. Devant l'impuissance des institutions traditionnelles, comme le sénat ou les tribuns, à résoudre ces crises, l'idée monarchique fit son chemin, confortée par les conquêtes. Tous comptaient chaque jour davantage sur les généraux victorieux, sur les imperatores, pour trouver une issue à des conflits interminables. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi César a voulu devenir imperator.