Le tueur de la Grande Mosquée de Québec, Alexandre Bissonnette, n'est-il que ce que révélait son compte Facebook ou ce qu'à présent en disent de lui ses proches ou ses connaissances ? 'Difficile' à déterminer ? Son acte parle pour lui. Sa page montrait un garçon normal, sociable, aux intérêts réduits, parfois antagonistes (fréquentation du site d'un pasteur baptiste très peu boutefeu, des ''j'aime'' pour Donald Trump et Marine Le Pen, mais aussi pour les féministes de l'université Laval). C'est cohérent avec ce que disent de lui sa famille, les voisins de ses parents, de ses grands-parents.
Il a un frère jumeau décrit moins introverti que lui. Il y a, tout à l'inverse, ses dires (ou ce que la presse canadienne a pu obtenir des policiers l'ayant ou non interrogé), et des témoignages. Tout fait-diversier sait ce qu'il faut penser des témoignages, en général, tout chroniqueur judiciaire en a vu varier entre ceux 'à chaud', les déposés, et confrontés en audience.
Amateurs d'armes
A. Bissonnette fut comme son jumeau, un cadet, à l'adolescence, de l'armée canadienne. Il a publié une photo en uniforme. Donc progressivement entraîné au maniement d'armes, mais pas d'un fusil automatique. Le voici catalogué grand amateur d'AK-47 alors qu'il ne fréquentait pas les clubs de tir. Les témoignages recueillis couvrent tout le registre : véhément, modéré et circonspect, compatissant ou incrédule.
Très normal pour les uns, introverti mais "pas dysfonctionnel socialement'', "jamais un propos déplacé (…) pas admiratif des extrémistes", "ordinaire'', ''Mathieu remuant, Alexandre plus calme''. Ou au contraire, "très à droite et ultra-nationaliste suprématiste blanc" qui "aimait beaucoup Trump" et "pro-Israël, anti-immigration".
"Pro Le Pen et antiféministe", selon le groupe Bienvenue aux réfugiés Québec qui le catalogue "féminazi". Timide et influençable, sans doute, s'interrogeant sur sa personnalité (nombreux autoportraits sur sa page Facebook). Alors "loup solitaire" ou "terroriste" comme JK Rowling le qualifie ? En français comme en anglais, ce comp.
circ. est à la fois inclusif et exclusif, mais à l'exception des plus circonspects ou admettant leur stupeur, c'est un peu comme si chacun voulait tirer son descriptif à lui, à ses convictions, sa cause. Au passage, Mohamed Bekhadir, le si utile témoin mis en avant par les sites extrémistes identitaires, conçoit très bien avoir été arrêté : il sort de la mosquée, entend les coups de feu, revient porter secours, se trouve devant un homme armé, un policier, et s'enfuit… "Un fuyard est suspect'', admet-il. La police a confirmé sa non-implication et aussi que le tueur n'aurait pas eu de complicités. Dreuz Info conserve en ligne, ce jour, son récit ''mis à jour'' (sans rire) : ''les deux djihadistes ont hurlé 'Allahu Akbar'".
Mais infirme qu'il s'agisse de deux Syriens dont l'admission la semaine dernière "va sérieusement calmer les protestations contre l'interdiction d'entrée mise en place par Donald Trump" (identique à la version de la veille, voir ici). Riposte laïque, site de ''réinformation'', préfère l'impasse sur le sujet. Causeur se rattrape aux branches comme il peut : "car si tous les musulmans ne sont pas terroristes, tous les laïques et identitaires québécois ne sont pas extrémistes". Juste, il en est de conscients de la portée de leurs propos qu'ils mesurent pour ne pas attiser les haines, et d'autres, très conscients aussi, qui ont ou non mesuré qu'ils pourraient conduire un Bissonnette à passer à l'acte auquel ils incitent.
Parfois de manière insidieuse, tel l'ex-candidat Donald Trump dont les phrases tronquées signifiaient "suivez mon regard", "comprenez-moi à demi-mot". Au moins, certains sites ''réinformateurs'' ont eu la décence de rectifier, non le tir, mais d'actualiser et de mettre M. Kadhir hors de cause. D'autres pas du tout. Donald Trump a eu celle d'adresser ses condoléances "à la population canadienne" dans un message au ''lamentable président Trudeau'' (ses propos antérieurs).