A Saint-Féliu-d'Avall, dans les Pyrénées-Orientales, le traumatisme est encore pesant suite au décès de six collégiens lors de la collision entre un bus scolaire et un train sur un passage à niveau le 14 Décembre dernier près de la commune de Millas. 17 autres adolescents ont également été blessés. Ce matin à 9h30, quatre corps ont été inhumés ; la cérémonie s'est tenue dans une salle du village, fermée à la presse. L'hommage a toutefois été retransmis sur grand écran à l'extérieur, et de nombreuses personnes sont venues s'associer à la douleur des familles des victimes.

Un texte écrit par le président de la République Emmanuel Macron a également été lu par le préfet, Philippe Vignes. Les obsèques ont ensuite eu lieu dans l'intimité familiale. A la mairie de Saint-Féliu-d'Avall, tout le monde est en deuil. "Saint-Féliu pleure...", peut-on lire sur le site internet de la municipalité. Depuis hier, des anonymes défilent au sein de la chapelle ardente mise en place dans une salle polyvalente du village, alors que cinq enfants sont encore entre la vie et la mort.

Le point sur l'enquête

Après avoir été placée une première fois en garde à vue vendredi dernier, la conductrice du bus scolaire a de nouveau été mise à la disposition des enquêteurs ce mardi après-midi. A l'issue de ses interrogatoires, Xavier Tarabeux, procureur à Marseille, a ouvert une procédure pour "homicides et blessures involontaires" par imprudence.

Libérée sous contrôle judiciaire, la quadragénaire est désormais mise en examen, et a l'interdiction formelle de prendre le volant de n'importe quel véhicule. A sa sortie du bureau des juges, elle a été conduite à l'hôpital, son état psychologique nécessitant "des soins importants", selon les propos de son avocat, Maître Jean Codognès.

Pour le moment, l'enquête suit son cours, et le mystère reste entier quant à la position des barrières de sécurité du passage à niveau lors de l'accident. Pour le directeur de l'entreprise Faur, qui emploie la conductrice du car, sa salariée a déclaré s'être engagée "en toute confiance et en toute sérénité" sur la voie ferrée, dont les barrières étaient relevées et les feux clignotants éteints.

Des propos confirmés par l'avocat de l'accusée, qui ajoute que sa cliente n'a pas pu s'assoupir, puisqu'elle venait d'emprunter un virage qui nécessitait toutes ses capacités d'attention quelques secondes avant le drame.

Mais pour la direction de la SNCF et le conducteur du train impacté par l'accident, les barrières du passage à niveau étaient bel et bien fermées. La société gestionnaire des chemins de fer français s'est même déclarée "choquée" par les accusations qui sous-entendraient l'existence d'une défaillance technique, et donc d'un manque de vigilance dans l'entretien du passage à niveau. Cependant, lors d'une conférence de presse tenue mardi après-midi, le procureur Tarabeux a préféré se montrer "prudent" en attendant les rapports techniques complets.

Pour l'heure, on sait déjà que l'armoire électrique enfermant le système de commandement des barrières ne présentait, d'après les premières constatations, aucune "défectuosité". Par ailleurs, des traces pouvant avoir été causées par un choc du bus contre une barrière fermée ont été remarquées à l'avant du véhicule, et sont actuellement en cours d'analyse.

La conductrice du bus hospitalisée

L'avocat de la conductrice mise en examen a également indiqué que cette dernière était "assistée par un psychiatre" et se trouvait, depuis l'accident, dans un "état de dépression intense". Maître Codognès a toutefois tenu à souligner "l'humanité" des enquêteurs qui ont mené ses interrogatoires, et a ajouté que sa cliente avait, elle aussi, été blessée lors de l'accident : "Elle a le sternum enfoncé, des blessures au niveau des yeux, et des hématomes un petit peu partout".