Vendredi dernier, le corps de Mireille Knoll était retrouvé carbonisé et poignardé à son domicile parisien. Immédiatement, le président de la République a souligné le caractère antisémite évident du meurtre de l'octogénaire. Lors de l'hommage national rendu au Colonel Arnaud Beltrame décédé pendant l'attaque terroriste de Trèbes, Emmanuel Macron a déclaré que l'assassin avait tué cette "femme innocente et vulnérable parce qu'elle était juive".
Mais pour les enquêteurs, le mobile du crime n'est peut-être pas si évident. Les deux suspects présents au domicile de la vieille dame le soir du meurtre se renvoient la responsabilité du décès. Tout a commencé lorsque l'un des voisins de Mireille Knoll, Yassine, âgé de 20 ans, s'est rendu au domicile de cette dernière avec l'un de ses amis, prénommé Alex, rencontré quelques mois plus tôt en prison. Les trois protagonistes ont bu quelques verres avant que la discussion ne bifurque sur la religion. Yassine aurait commencé par déclarer que les Juifs vivaient dans l’opulence. Mireille Knoll, modeste locataire d'un appartement HLM à Paris, a contesté cette affirmation.
Une dispute aurait alors éclaté, entraînant le décès de la vieille dame, lardée de 11 coups de couteau...
Le point sur l'enquête
Du côté des suspects, Alex accuse son camarade Yassine d'avoir assassiné sa voisine au cri de "Allah Akbar". Ce dernier conteste en bloc, en rappelant ses excellents rapports avec Mireille Knoll. Son conseil, Me Fabrice de Korodi, indique au micro d'Europe 1 que l'octogénaire était "sa bienfaitrice" : "Il l'aidait à faire ses courses, (....) c'était une voisine qu'il appréciait. Le religieux n'existe pas chez mon client". L'avocat ajoute que les déclarations d'Alex sont "excessives" car celui-ci se trouverait "dans une situation de vengeance". Le mobile religieux serait alors inexistant.
Quant aux proches de Mireille Knoll, rescapée de la rafle du Vel d'Hiv, ils n'ont jamais perçu chez Yassine un quelconque comportement antisémite, même s'ils s'accordent à dire que ce voisin était peut-être "un peu trop envahissant".
Des incidents lors de la marche blanche
Hier mercredi à Paris, des milliers de personnes se sont rassemblées dans la rue pour dire non à l'antisémitisme suite au décès de la vieille dame dans le 11ème arrondissement. De nombreux responsables politiques étaient présents, mais deux d'entre eux ont été accueillis sous les huées et les sifflets : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. En effet, la présence de ces deux leaders, respectivement d'extrême-droite et de gauche, n'était pas souhaitée par le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) et son président Francis Kalifat.
L'ancien candidat de la France Insoumise a accepté sa mise sur la touche en déclarant : "Le sujet de la manifestation, ce n'est pas moi.
(...) Il ne faut pas confondre quarante énergumènes avec des milliers de braves gens que compte ce pays". Quant à Marine Le Pen, elle a finalement rejoint le défilé un peu plus tard lorsque le cortège est arrivé devant l'immeuble de Mireille Knoll pour un dépôt collectif de fleurs.
Daniel Knoll, le fils de la victime, a par la suite réagi à ces incidents en déclarant ne pas y avoir assisté : "Si je l'avais vu, cela m'aurait fortement déplu. C'est inadmissible, tout le monde avait le droit de manifester".
Enfin, la communauté francophone d'Israël s'est, elle aussi, réunie hier en hommage à Mireille Knoll sur la place de Paris à Jérusalem, où une veillée a été organisée. Les hymnes français et israélien ont été chantés à sa mémoire, et un communiqué a été publié pour s'inquiéter de l'augmentation des violences antisémites en France.