Le terrorisme « quotidien » est de retour. Le terrorisme qui peut frapper n'importe quand, n'importe où et n'importe qui. Vendredi, c'est du côté de Trèbes, petite ville de l'Aude, que Daesh a de nouveau frappé. A la tête de cette attaque, un seul homme : Redouane Lakdim, 25 ans, né au Maroc et ancien habitant de Carcassonne. Peu après 10h vendredi, Lakdim a arrêté une Opel Corsa blanche à la périphérie de Carcassonne, avant de tuer le passager et de blesser gravement le conducteur. Le procureur a déclaré que Lakdim est alors parti dans la voiture et qu'il semblait attendre devant une caserne militaire.

Il a ensuite conduit vers une caserne de la police anti-émeute et a tiré sur quatre policiers qui effectuaient leur jogging. Il a grièvement blessé un membre du groupe, qui a souffert de côtes cassées et d'un poumon perforé. Lakdim s'est ensuite rendu au supermarché Super U à Trèbes, ville de 5 000 habitants près de Carcassonne. Vers 11h, il est entré dans le supermarché en criant « Allahu Akbar » et en affirmant qu'il était un soldat de l'Etat Islamique. Environ 50 personnes étaient à l'intérieur du bâtiment. Lakdim a ouvert le feu, tuant un employé du supermarché et un client.

Un gendarme absolument héroïque

Les gendarmes tentant d'évacuer le supermarché ont trouvé un Lakdim retenant plusieurs personnes en otage.

Un gendarme s'est porté volontaire pour prendre la place des otages. Le tireur a accepté l'échange. Ce gendarme a laissé sa ligne de téléphone portable ouverte sur une table afin que les forces de sécurité à l'extérieur puissent entendre ce qui se passait à l'intérieur. Lorsque les forces de sécurité à l'extérieur du magasin ont entendu par le téléphone qu'un coup de feu avait été tiré, ils ont immédiatement pris d'assaut le supermarché et abattu Lakdim.

Le gendarme qui avait échangé des places avec les otages a été retrouvé gravement blessé. Collomb a loué l'héroïsme de l'officier. Deux autres policiers ont été blessés par balles lors de l'opération. Au total, la situation a duré un peu plus de trois heures, au cours desquelles le tireur avait demandé la libération de Salah Abdeslam, le seul survivant du groupe qui a mené les attentats de Paris en novembre 2015.

Pour rappel, Abdeslam est à l'isolement en prison alors que l'enquête sur les attentats de Paris se poursuit. Redouane Lakdim était lui connu des services de police pour du trafic de drogue et des délits mineurs.

Gérard Collomb justifie la surveillance et la non-intervention

La fusillade et la prise d'otages ont également fait 16 blessés dont deux très graves. Il s'agit du premier grand attentat terroriste depuis que le président Emmanuel Macron a levé l'état d'urgence et durcit les lois antiterroristes. « Notre pays a subi une attaque terroriste islamiste », a ainsi déclaré Emmanuel Macron lors d'une allocution télévisée. L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des attaques. A l'heure actuelle, de nombreuses questions demeures sur Redouane Lakdim et la manière dont ce dernier s'est procuré une arme, alors qu'il était surveillé.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a déclaré que « nous l'avions surveillé et on ne pensait pas qu'il s'était radicalisé. Il était déjà sous surveillance quand il a soudainement décidé d'agir ». Emmanuel Macron a lui tenu à rappeler que la menace terroriste reste élevée, mais qu'elle était sans commune mesure avec celle d'il y a trois ans, lorsque la France faisait face à des groupes organisés. Cette fois, de plus en plus, ce sont des individus radicalisés qui agissent seuls. Et c'est peut-être cela le plus inquiétant...