L'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a commencé ce lundi 9 mars, sur les coups de 3h30 du matin. Les forces de l'ordre sont intervenues sur le site afin d'évacuer les zadistes restés sur place malgré la décision du gouvernement de renoncer au projet de construction d'un nouvel aéroport et la demande d'Edouard Philippe d'évacuer la zone avant la fin de la trêve hivernale.

Le projet de construction d'un aéroport dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est né il y a cinquante ans. L'objectif est de transformer l'ouest de la France en une métropole à vocation internationale. Pour cela, un aéroport tout aussi ambitieux doit voir le jour, pour compenser les flux trop importants enregistrés à l'aéroport déjà existant de Nantes.

A l'époque on se soucie encore assez peu de l'impact écologique d'un tel projet, installé sur des terres agricoles humides. Néanmoins, les agriculteurs s'inquiètent de voir disparaître leurs terres et s'associent pour lutter. La ZAD est créée en 1976 et permet à la région d'acquérir progressivement les terrains nécessaires à la construction du projet, malgré un relatif oubli de celui-ci.

En 1994, cependant, le projet connaît un regain d'intérêt quand est discuté le projet de construire un troisième aéroport parisien pour désengorger Orly et Roissy. L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes semble alors un prétexte pour relancer l'activité économique de la région et l'accrocher au projet européen selon les souhaits de Jean-Marc Ayrault, alors député-maire PS de Nantes.

Toujours en tête, mais jamais exécuté

Cette considération n'a semble-t-il jamais quitté l'esprit des décideurs politiques. Dans les années 2000 la loi Voynet prévoit de décentraliser les flux aériens de Paris pour remettre les régions sur la voie de l'attractivité économique. Les choses s'accélèrent, le projet est débattu et présenté puis voté.

Vinci remporte le marché avec un droit d'exploitation de 55 ans. Les travaux doivent commencer en 2014 pour se terminer en 2017. Mais pendant ces tractations, l'opposition se renforce, s'organise et agit. En 2009, un séminaire organisé sur le lieu de la ZAD attire des milliers de personnes qui commencent à investir les lieux. Les associations organisatrices avouent perdre le contrôle. La ZAD se transforme en une mini-société organisée selon de nouvelles formes de luttes sociales et d'organisation.

En 2012, c'est l'escalade. L'Etat tente de faire évacuer la zone de force en engageant plus de 1000 gendarmes dans une guérilla dont le théâtre se situe dans le bocage alentour faisant de nombreux blessés et attirant l'attention des médias et de la France entière.

Sous le mandat de François Hollande, c'est le statu quo. Devant un dossier sensible, l'Etat n'ose plus rien faire, hormis attendre les décisions de justice qui finissent par rejeter les pourvois contre l'expropriation des exploitants agricoles et la validation des arrêtés autorisant les travaux. En 2016, les expulsions reprennent, les travaux doivent commencer rapidement. Mais au sein même du gouvernement, des dissensions existent. François Hollande propose alors un référendum local pour se prononcer sur ce projet qui attise les passions depuis trop longtemps déjà.

La fin d'un bras de fer musclé

En 2016, un référendum a été soumis au vote des habitants de Loire-Atlantique. Le oui l'a emporté avec plus de 55% des voix.

Cependant, face au blocage des zadistes, le projet est resté dans les cartons. Jusqu'à ce que le gouvernement d'Edouard Philippe décide de l'abandonner définitivement. Ce lundi 9 avril, le gouvernement lance donc une ultime opération de grande envergure pour faire évacuer la zone.