Le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) vient de publier les résultats d'une étude reprise par le BEH (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire) de l'Institut français de veille sanitaire. Ces recherches ont révélé que quatre cancers dix sont imputables au mode de vie du malade ou à son environnement. Ils pourraient donc être évités.
Interrogée par 20 Minutes, Isabelle Soerjomataram est membre du CIRC et coauteure de cette étude menée sur des données datant de 2015. Elle indique qu'il existe 13 facteurs à risque cancérigène, dont le principal reste le tabac.
Le tabagisme passif, qui consiste à inhaler la fumée sans porter de cigarette à la bouche, est également concerné. Une consommation excessive d'alcool représente aussi un risque important, tout comme l'alimentation. Manger des fruits et des légumes prévient l'apparition d'un cancer, mais en revanche, une consommation trop importante de charcuterie et de viande rouge fait partie des facteurs à risque. Dans une même mesure, une personne obèse, en surpoids, ou qui ne pratique aucune activité physique sera davantage exposée à la maladie.
D'autres éléments sont à ajouter à la liste, comme la prise de médicaments contraceptifs ou liés à la ménopause pour les femmes, ainsi que l'allaitement maternel d'une durée de moins de six mois.
Au niveau environnemental, la pollution atmosphérique fait évidemment partie des risques, tout comme l'exposition aux rayons ultra-violets et à certains produits chimiques dans le cadre d'une activité professionnelle.
Les hommes sont plus touchés que les femmes
346.000 nouveaux cas de cancers ont été détectés en France en 2015 chez les individus de plus de 30 ans.
L'étude du CIRC indique que 41% d'entre eux sont imputables à l'un des facteurs énoncés. 142.000 diagnostics malheureux auraient donc pu être évités. Un cas sur cinq est dû au tabac, soit près de 70.000 Français touchés par le cancer en 2015 à cause de ce fléau. L'alcoolisme arrive ensuite avec 8% des cas, suivi par l'alimentation déséquilibrée et l'obésité (5,4% pour chacun de ces deux facteurs.).
L'étude révèle par ailleurs que les hommes sont davantage concernés que les femmes. Sur les 142.000 cas de cancers concernés dits "évitables" au moment des recherches, 84.000 ont été contractés par des hommes, et 58.000 par des femmes. Près d'une maladie sur trois détectée chez les hommes est imputable au tabagisme (29%). Chez les femmes, le tabac et l'alcool sont également les causes principales des cas de cancers. Leurs chiffres sont d'ailleurs en augmentation constante année après année.
Enfin, le CIRC rappelle que certains facteurs sont encore inconnus par la science, notamment dans l'environnement, ce qui laisse à penser que le chiffre de 41% de maladies "évitables" pourrait, en réalité, être plus élevé.
Il existe aussi des cas de cancers d'origine génétique.
Une solution : la prévention
Pour Isabelle Soerjomataram, la prévention est l'une des clés principales qui pourrait réduire le nombre de cas de cancers. Il faut "élaborer des campagnes ciblées de prévention et de sensibilisation du grand public". Les quatre terrains principaux à traiter en urgence sont : le tabac, l'alcool, l'alimentation et la pratique régulière d'une activité physique.
Le CIRC évoque enfin l'autre rôle des pouvoirs publics : l'élaboration des lois. L'étude réalisée révèle en effet que les textes votés ces dernières années en faveur de la lutte contre l'amiante ont considérablement fait baisser les cas de cancers qui y étaient liés, jusqu'à leur quasi-disparition. "Il faut s'en inspirer".