Nantes s'est enflammé mardi soir. Des groupes de jeunes ont en effet défié la police après qu'un homme de 22 ans a été abattu par un policier lors d'un contrôle. Le chef de la police locale, Jean-Christophe Bertrand, a déclaré que l'incident s'était produit à 20h30 lorsque la police a arrêté une voiture. L'identité du conducteur n'était pas claire et les agents ont reçu l'ordre d'amener le conducteur au poste de police, a-t-il ajouté. Le conducteur a alors renversé sa voiture, a frappé et légèrement blessé un policier. « Un des collègues a alors tiré, frappant le jeune homme, qui est malheureusement mort », a déclaré Jean-Christophe Bertrand.

Des sources policières ont confirmé que l'homme avait été blessé lors d'un contrôle de police après avoir « refusé de se conformer » aux demandes des policiers. Il a été frappé dans l'artère carotide et déclaré mort à son arrivée à l'hôpital. Un fait qui a lancé les hostilités et une flambée de violence comme la ville de Nantes en a rarement connu. Des voitures ont été brûlées, des cocktails Molotov ont été lancés, un centre commercial a été incendié et une bibliothèque et plusieurs bâtiments ont été endommagés dans le quartier de Breil, dans la nuit de mardi à mercredi.

Un contrôle qui tourne mal, pas une première

La violence a également éclaté dans deux autres zones, Dervallières et Malakoff, où des voitures ont été incendiées.

Des associations locales sont notamment sorties pour essayer de calmer les manifestants. Sans réel succès. La police est régulièrement accusée d'utiliser une force excessive dans les quartiers les plus pauvres, en particulier contre les personnes appartenant à des minorités ethniques. La mort en garde à vue en 2016 d'un jeune homme noir, Adama Traoré, à Beaumont-sur-Oise en banlieue parisienne, et la lenteur de la réaction des autorités ont conduit à des accusations de violences policières.

L'enquête est aujourd'hui toujours en cours. En 2005, des semaines d'émeutes ont éclaté après que deux adolescents eurent été électrocutés alors qu'ils se cachaient dans une sous-station à Clichy-sous-Bois, au nord de Paris, alors qu'ils étaient poursuivis par la police. Leur mort a provoqué les pires émeutes en France depuis 40 ans.

Après une décennie de batailles juridiques par leurs familles, les policiers ont été jugés et ont été blanchis dans cette affaire. Entre les banlieues et la police, les relations sont toujours aussi tendues.

Le gouvernement appelle au calme

Du côté de Nantes, une enquête a été ouverte sur les circonstances de la mort du jeune homme. Johanna Rolland, la maire socialiste de Nantes, a appelé à la clarté concernant ce décès et a déclaré que toute enquête doit se dérouler de manière indépendante et en toute transparence. Le gouvernement a lui appelé, ce mercredi, au calme après que la police de la ville de Nantes ait affronté pendant une bonne partie de la nuit avec des manifestants. « J'appelle à un calme absolu, car la primauté du droit sera totalement respectée », a déclaré la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, sur l'antenne de RTL.

Edouard Philippe est lui attendu à Nantes jeudi matin. Il devait à l'origine évoqué sur le sujet de l'aéroport, mais le Premier ministre aura sans doute un mot concernant ces violences. Ce mercredi, l'heure est aussi au bilan. Sur BFM TV, Nicole Klein, préfete de Loire-Atlantique, a évoqué « des dégâts importants ». Le calme semble être désormais revenu, même si la nuit de mercredi à jeudi pourrait donner lieu à de nouvelles violences. La police reste en tout cas sur ses gardes, alors que l'enquête suit désormais son cours.