Ce mardi 03 Juillet à Nantes, dans le quartier du Breil vers 20h30, une équipe de six CRS a voulu arrêter un automobiliste qui aurait refusé de préciser son identité lors d'un contrôle. Le conflit qui l'a alors opposé aux forces de l'ordre a mal tourné, un tir est parti, et le jeune conducteur de 22 ans est décédé. Immédiatement, certaines artères de la ville se sont embrasées pour protester contre cette mort que beaucoup qualifient d'injustifiée. Emeutes, jets de cocktails molotov et de barres de fer, incendies de véhicules, de commerces, de pôles administratifs,...

la nuit a été mouvementée dans les rues de la préfecture de Loire-Atlantique, allant des quartiers Bellevue à Malakoff en passant par Dervallières jusqu'au Château de Rezé. Cinq personnes ont d'ailleurs été interpellées selon Ouest-France.

L'enquête sur les circonstances de la mort du jeune conducteur a été confiée au SRPJ de Nantes et à l'Inspection générale de la Police nationale. Elle doit déterminer si le CRS qui a fait feu avait une raison de le faire. Mais hier encore, la version des forces de l'ordre s'opposait à celles des témoins et des riverains.

La version de la Police

Pour les CRS présents sur les lieux du drame auprès de leur collègue, le contrôle du jeune homme décédé n'était pas dû au hasard, puisque ce dernier venait de commettre plusieurs infractions.

Mais son identité n'était "pas claire", ont-ils déclaré, les forçant à le conduire au poste, ce que l'automobiliste a refusé. Il aurait alors effectué une marche arrière et heurté l'un des CRS au genou. Selon la DDSP (Direction Départementale de la Sûreté Publique), l'un des policiers aurait ensuite sorti son arme avant de tirer sur le jeune automobiliste, touché à la carotide.

Pris en charge médicalement, il décédera malgré tout lors de son arrivée à l'hôpital.

La version des témoins et des riverains

Pour les témoins de la scène, les faits ne se sont pas exactement déroulés de la même façon. Si tout le monde s'accorde à dire que le jeune a effectivement refusé de se soumettre aux ordres des CRS et a entamé une marche arrière, la suite diverge : "Il a juste voulu échapper au contrôle. Il a juste fait marche arrière, mais il n'y avait pas de flic derrière la voiture. J'y étais, j'ai vu", raconte un riverain interrogé par Europe 1.

Pour un autre habitant qui a filmé la scène, le conducteur du véhicule "a reculé, simplement ! Au même moment, ils lui ont tiré dessus au niveau de la gorge (...) Il était déjà immobile, il ne pouvait rien faire et il lui a tiré de dessus à bout portant".

La majorité des témoins ajoute qu'il existait d'autres moyens de neutraliser l'automobiliste face à son refus d'obtempérer, comme l'usage du taser ou un tir dans les pneus de son véhicule. Par ailleurs, certains déclarent que les secours ont mis du temps à arriver - environ 15 minutes - afin de prendre en charge le blessé, pour la simple raison que ce sont les CRS eux-mêmes qui auraient tardé à les appeler. Un autre témoin ajoute que le jeune de 22 ans serait peut-être toujours en vie si les forces de l'ordre avaient réagi plus tôt : "Ils n'ont même pas cherché à l'assister. Il y a juste une policière qui a mis ses mains pour l'aider".

Il existe donc de nombreux points de désaccords entre les deux versions énoncées.

Aux enquêteurs maintenant de faire la lumière totale sur cette affaire qui a profondément secoué la ville de Nantes cette semaine. La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a "appelé au calme" en attendant les résultats des investigations. Quant au ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, il a condamné les émeutes tout en promettant de mobiliser 'tous les moyens nécessaires" pour prévenir de nouveaux incidents.