Pas de surprise. Ce mardi, le Comité consultatif national d'éthique s'est prononcé en faveur de l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de Femmes et aux femmes seules. Forcément une bonne nouvelle pour le gouvernement dirigé par Édouard Philippe, qui entend faire de cette ouverture le cœur d'une réforme qui doit voir le jour d'ici la fin de l'année 2018. Cependant, dès lundi, l’Élysée se montrait prudent sur la question, expliquant que l'avis du CCNE ne préfigure pas des prochaines manœuvres du gouvernement sur le sujet.
Le débat serait donc encore ouvert concernant une mesure qui fait polémique
De son côté, le Comité consultatif national d'éthique s'est montré plutôt ouverte, puisqu'il a également rendu un avis favorable concernant ' une autoconservation ococytaire de précaution, à toutes les femmes qui le souhaitent '. Cela permettrait à ces ovocytes d'être utilisés ultérieurement à l'occasion d'une PMA. Pour rappel, la procréation médicalement assistée est actuellement assez limitée en France. Elle est réservée aux couples hétérosexuels infertiles. Son ouverture aux couples de femmes est donc un changement majeur sur lequel le gouvernement a décidé de faire preuve de prudence.
Le Comité d'éthique dit non à la GPA
Pour beaucoup des opposants à l'ouverture de cette PMA, l'argument principal est qu'un enfant est né d'un père et d'une mère. L'absence de père pourrait, selon les opposants, provoquer des troubles psychologiques chez l'enfant. C'est aussi pour cela que le CCNE, dans son avis rendu ce mardi, souhaite que ' la levée de l'anonymat des futurs donneurs de sperme ' soit rendu possible.
Pour les futurs enfants nés de PMA et ayant deux mères, il serait donc a priori possible de pouvoir retrouver leur père biologique.
Malgré tout, une telle décision prendra forcément en compte le choix du donneur de rester anonyme ou pas. Si le Comité consultatif national d'éthique s'est donc montré favorable à la PMA, il n'en a pas été de même pour la GPA (Gestation pour autrui), une mesure qui reste largement impopulaire.
Le CCNE estime tout simplement qu'une ' GPA éthique ' est impossible, souhaitant même ' le maintien et le renforcement de sa prohibition '. La GPA demeure un sujet sensible, notamment concernant les enfants nés à l'étranger. En juillet dernier, la Cour de cassation avait ainsi rendu un avis favorable à la transcription partielle en France de l'acte de naissance des enfants nés de GPA à l'étranger.
Une PMA qui divise les politiques
Sur le plan politique, l'ouverture de la PMA aux couples de femmes serait un geste fort de la part d'Emmanuel Macron avec une mesure populaire chez les jeunes et parmi l'électorat de gauche. Mais le président de la République, particulièrement impopulaire, prendrait aussi le risque de se détourner un peu plus d'une population vieillissante et qui vote plutôt à droite.
D'ailleurs, chez les politiques, la question de l'ouverture de la PMA est le véritable marqueur d'une différenciation entre la droite et la gauche.
Marine Le Pen a ainsi clamé son opposition farouche à toute mesure allant dans le sens de l'ouverture de la PMA. Du côté des Républicains, une éventuelle mesure est également impopulaire. Il est d'ailleurs intéressant de noter que Bruno Le Maire et Édouard Philippe, anciens Républicains, étaient eux aussi de farouches opposant à la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes. Ils avaient également protesté contre le Mariage pour tous. Aujourd'hui, leur position aurait ' évoluée '. Une évolution qui pourrait aboutir à une loi majeur d'ici la fin de l'année 2018.