Le 24 novembre 2011, Rosa Maria Da Cruz met au monde la petite Serena. Un accouchement dans le plus grand des secrets. Ni son mari, ni ses trois enfants ne se doutent même qu'elle est enceinte. "Pour moi, ce n'était pas un bébé qui venait de naître", déclarera la mère de famille lors d'une interview donnée à TF1.

Le jour de l'accouchement, Rosa ne dit rien à personne. Elle installe son nouveau-né dans une pièce où personne ne se rend et elle commence ainsi à s'enfermer dans le mensonge. Ce n'était apparemment pas son premier déni de grossesse. Neuf ans plus tôt, elle se rend compte qu'elle est enceinte alors qu'elle est en train d'accoucher pendant un repas de famille.

Selon Rosa, Serena aurait d'abord vécu à l'abri des regards de tous, dans sa propre maison. "Elle n'était pas cachée" expliquera-t-elle. Elle se levait aux aurores pour s'occuper de la petite, puis remontait s'occuper de ses trois enfants. Le soir, elle rejoignait Serena quand tout le monde s'était endormi.

La petite survivante

Pourtant en 2013, cette histoire fait la Une des journaux. Alors que Rosa amène sa voiture chez le garagiste, celui-ci est perturbé par des bruits qui semblent venir du coffre. Il y découvre Serena, installée dans un couffin.

Le procès de la mère de famille a démarré le 12 novembre 2018 à Tulle, en Corrèze. L'audience a débuté avec la lecture de l'état de la petite Serena au moment de sa découverte.

Nue, sale, déshydratée, les yeux révulsés, elle semblait être en manque d'oxygène. Il y a des jouets et des peluches, mais aussi des asticots, des larves probablement dues aux excréments autour d'elle. L'odeur nauséabonde était tellement imprégnée sur la petite fille qu'il aura fallu la doucher quatre fois à l'hôpital.

Aujourd'hui âgée de 7 ans, Serena vit en famille d'accueil.

Privée de soins et de nourriture durant ces deux années, elle souffre d'un syndrome autistique irréversible et d'un déficit fonctionnel à 80 %.

5 ans de prison dont 3 avec sursis

À l'issue de ce procès, la mère de 50 ans a finalement été condamnée à 2 ans de prison ferme ainsi qu'à un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans. Rosa Maria Da Cruz était passible de 20 ans d'emprisonnement étant donné les séquelles qu'elle a infligées à son enfant.

La défense a plaidé la thèse du déni de grossesse.

Même si l'avocat général a signifié à la Cour de prendre en compte ce déni partiel du cas de Serena, il n'a pas manqué de rappeler qu'elle était jugée pour dissimulation. L'avocate de l'Aide sociale à l'enfance a d'ailleurs souligné qu'il n'y avait qu'une seule victime dans cette histoire et qu'il s'agissait de Serena. Si on ne sait pas exactement ce qui a poussé la mère de famille à cacher son enfant durant deux années dans ce coffre, elle a déclaré à la barre qu'elle lui demandait pardon pour tout ce qu'elle lui avait fait. Rosa Maria Da Cruz doit être incarcérée ce soir à la maison d'arrêt de Limoges et pourrait bénéficier d'une libération conditionnelle.