Depuis les années 1990, le phénomène des start-ups s’est largement développé à travers l’économie numérique. Les secteurs de la finance ou du droit ont longtemps figuré sur le devant de la scène, mais les cultures techs, start-ups provenant de l’univers de la culture sont en train de prendre une nouvelle dimension.

En France, la paternité du terme ‘culture tech’, revient à Eric Breux de Audiens

Le groupe de protection social des métiers de la culture et de la communication - qui est également en première ligne du financement des start-ups du monde de la culture.

Eric Breux, directeur du pôle Entreprises et Institutions, observait ainsi en 2018 que ce secteur compte chaque année pour 20% des créations d’entreprises liées aux nouvelles technologies. Parmi les start-ups qui se distinguent, Delight offre aux professionnels du spectacle vivant des outils pour gérer leurs bases de spectateurs, mener des enquêtes de satisfaction… Le but final étant de parvenir à fidéliser leur public et à le faire progresser. Des applications comme Tooth Sweet utilisent également la géolocalisation, pour informer les publics potentiels des spectacles à proximité.

Si les artistes ont pu associer l’arrivée du numérique à une menace pour leur activité, ils sont très nombreux désormais à en mesurer les atouts.

La révolution technologique qui a rendu obsolètes les cassettes puis les CD pour voir exploser les plateformes de streaming telles que Spotify ou Apple Music, a donné une visibilité parfois mondiale à des artistes cloîtrés aux frontières de leur région. Même chose pour les professionnels du théâtre, avec Opsis TV qui propose de dédoubler leurs audiences en proposant des plateformes de streaming.

De son coté, Movinmotion, sorte de réseau social au service du secteur de la culture, permet des mises en contact entre professionnels. Plus de 37 000 intermittents y sont inscrits, pour agrandir leur réseau et trouver de nouvelles collaborations artistiques.

Les cultures techs, un marché à 45 milliards

Les cultures techs ont bien compris l’enjeu d’investir un secteur dont le poids économique direct dépasse 44,5 milliards d’euros en France, selon le Forum Entreprendre dans la Culture.

Malgré le tournis que donne ses chiffres, la plupart des start-ups sont encore dans leur phase d’amorçage - c’est à dire qu’il leur manque encore cette première levée de fonds qui permettra, par la suite, de développer leurs solutions. Le secteur n’en est pas moins bourgeonnant, comme le témoigne un récent article de Maddyness qui réalisait un panorama non exhaustif de 80 jeunes pousses dans les secteurs divers de la culture. Parmi les consommateurs les plus gourmands de ces nouveaux produits culturels, on retrouve sans surprise les musées, dont la volonté de s’attaquer à un public plus jeune fait partie des axes de développement depuis plusieurs années. La start-up française Opuscope, créée en 2016, répond à ce besoin par le biais de son application Minstar (en développement), qui doit faciliter la création d’expériences 3D immersives.

Cette application devrait déboucher sur des propositions de visites virtuelles au sein des musées, qui permettraient au public de vivre des expériences en réalité augmentée. Une autre start-up, Atlas V, a développé pour le Théâtre de l’Odéon, Phoenix, une application qui propose aux visiteurs une expérience de réalité augmentée à travers une plongée dans l’histoire des lieux. Les nouvelles technologies permettent ainsi de venir enrichir les visites en ajoutant un volet expérientiel qui favorise l’attraction de nouveaux publics. L’investissement de départ peut donc être compensé rapidement, quand la fréquentation d’un lieu repart à la hausse.

Enfin, des musées comme l'Institut du Monde Arabe innovent en s'alliant avec des grands noms du jeu vidéo comme Ubisoft, qui ont permis, grâce à la numérisation de Cités millénaires, de permettre de réarpenter les rues de villes disparues.

Ubisoft, c'est aussi les créateurs d'Assassin's Creed, ce jeu qui permet de revivre différentes époques de l'histoire humaine : la Grèce antique, l'Italie de la renaissance, la conquête des Caraïbes ou encore la Révolution française. L'alliance a été efficace, puisque que l'exposition a trouvé son public et avait même été renouvelée un mois de plus. Preuve que culture et numérique sont faits pour s'entendre...