Note des éditeurs : Plusieurs articles de Francis Gruzelle, auteur de cet article, ont été supprimés de la plateforme Blasting News. Les propos, sujets et idées partagés ne respectaient pas la ligne éditoriale de Blasting News.

Arrivé de Chine, par bateaux, avec une cargaison de poteries, au début des années 2000, le frelon asiatique a colonisé toute la France, en quelques années. Suite à l'abondance de nourriture (abeilles, bourdons, guêpes et autres hyménoptères) dans l'hexagone, il a proliféré, déjouant les pronostics les plus pessimistes du muséum d'histoire naturelle.

Il est considéré aujourd'hui comme l'ennemi numéro 1 pour l'apiculture et l'agriculture, tant il dévore les abeilles, vectrices de pollinisation des cultures et des fruitiers. Pour se nourrir, un nid de frelons asiatiques consomme en moyenne 15 000 insectes par jour, essentiellement des abeilles. Il faut savoir qu'une colonie d'abeilles contient 60 000 individus.

Des députés interpellent le ministre de l'agriculture

Après avoir fait la Une des magazines techniques apicoles, il est même parvenu à entrer dans la vie politique, via les travées de l'Assemblée Nationale et les questions au gouvernement. Avec la République en Marche qui veut sauver les abeilles en Ardèche, avec le syndicat apicole l'Abeille Ardéchoise et Drômoise, la député de la Drôme, Célia de Lavergne, a interrogé le ministre de l'agriculture Didier Guillaume, il y a quelques jours, sur la "réelle volonté du gouvernement de combattre efficacement le frelon asiatique".

Elle a aussi interpellé le ministre de l'agriculture : "En 2013, lorsque vous étiez président du conseil général de la Drôme, vous aviez engagé une réflexion avec les apiculteurs sur les menaces pesant sur les abeilles et les insectes pollinisateurs. A l'époque, le frelon asiatique constituait déjà, avec certains insecticides, le principal vecteur de disparition des abeilles.

Depuis 2010, les frelons asiatiques ont détruit plus de 300 000 ruches d'abeilles dans les différents départements Français. Pour se nourrir, un nid de frelons asiatiques consomme en moyenne 15 000 abeilles par jour….".

Les pouvoirs publics ont sous-évalué la menace du prédateur

Dès les années 2000, face à cette catastrophe écologique, les présidents des différents syndicats de défense des apiculteurs de France ont sollicité "la destruction immédiate et gratuite par les pompiers et les SDISS de tous les nids de frelons asiatiques, signalés par les apiculteurs, les agriculteurs, et les particuliers." En 2010 et 2011, deux préfets de région Rhône-Alpes, MM Jacques Gerault et François Carenco, s'étaient engagés par écrit "à une destruction immédiate et gratuite des nids de frelons asiatiques", lorsqu'ils avaient été sollicités par le syndicat de défense des apiculteurs et des abeilles de l'Ardèche et de la Drôme.

En pratique, rien n'a été mis en oeuvre

"Mais, rien n'a été mis en oeuvre dans la plupart des départements Français", indique un président de syndicat de défense des apiculteurs et des abeilles. "Les pompiers refusent de se déplacer lorsqu'ils sont sollicités par les apiculteurs ou les particuliers et orientent les demandeurs vers des sociétés de désinsectisations privés avec une facture de 150 à 250 euros à la clé pour la destruction d'un nid de frelons asiatiques, somme qu'il est impossible de débourser. Les particuliers concernés renoncent donc à l'intervention. Et chaque nid de frelons asiatiques non détruit libère dans la nature environ 500 reines fécondées, qui fondent à leur tour 500 nids nouveaux."

Alors que le frelon asiatique constitue aussi une menace importante pour l'homme (il attaque tout ce qui bouge jusqu'à 100 mètres de son nid, et plusieurs dizaines de victimes humaines recensées), pour le bétail, pour les abeilles, la biodiversité et les insectes en général, la député Célia de Lavergne a parfaitement résumé la gravité de la situation face à ce prédateur classé "nuisible" par le gouvernement : "Que compte faire Monsieur le Ministre de l'Agriculture pour éradiquer définitivement cette menace ? Et pour que les engagements de l'état de 2010, au niveau des interventions gratuites des pompiers, soient tenus ?"