Un triste record vient d'être battu. Selon le Service de communication de la Direction générale de la Police nationale (SiCop), depuis le début de l'année 2019, on dénombre au total en France 27 passages à l'acte parmi les forces de l'ordre et gardiens de la paix. Un chiffre hors norme. Par comparaison, sur toute l'année 2018, 35 policiers et 33 gendarmes s'étaient donnés la mort. En 2019, en quatre mois, le nombre s'élève, déjà, à 27 policiers nationaux, soit plus du double que l'année précédente.

En 2019, "un commissariat complet décimé"

"Sur les 20 dernières années, on n’avait jamais vu ça.

Si on continue à ce rythme-là, on sera une centaine de policiers qui auront mis fin à leurs jours avant la fin de l'année. On décime un commissariat complet", avait déclaré Daniel Chomette, Secrétaire général, délégué du syndicat Unité SGP police FO sur Franceinfo.

Ce sont des pères, des mères de familles, jeunes la plupart, en proie à des difficultés personnelles ou simplement à bout de force, des citoyens sur-sollicités, en alerte rouge terroriste et chargés du maintien de l'ordre, au coeur d'un trop long bras de fer qui oppose le gouvernement aux manifestations sociales depuis maintenant 5 mois. En manque d'équipements, cumulant des millions d'heures supplémentaires impayées, privés de leurs vies de familles, les policiers n'en peuvent plus, sont en rupture.

Un rapport sénatorial établissait que le taux de suicides dans la police était 36% supérieur à la moyenne nationale.

"On explose"

Derniers épisodes dramatiques en date. Dans la nuit du lundi au mardi 16 avril, une quinquagénaire, capitaine de police, mère de deux enfants, a été découverte morte dans son bureau de la sûreté départementale de Montpellier.

Elle se serait suicidée avec son arme de service.

Lundi 15 avril, un gardien de la paix de 42 ans, père d'un enfant de 4 ans, s'est tiré une balle dans la tête, chez lui, avec son arme de service, à Griscourt, près de Nancy.

Aussi, un policier de 27 ans, gardien de la paix à la Direction de l'ordre public et de la circulation, a été retrouvé mort à son domicile du XIIIe arrondissement de Paris. Il se serait également suicidé avec son arme de service.

"On a des membres de la hiérarchie qui mettent une pression et qui poussent nos collègues au burn out", a déclaré vendredi 12 avril, sur franceinfo, Daniel Chomette. "On explose. Le policier passe son temps au travail. Sa vie de famille se dégrade. Il ne voit plus ses enfants".

En réponse à cette situation dramatique à laquelle on ne peut s'habituer, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner a annoncé, vendredi 12 avril, la création d’une "cellule alerte prévention suicide". Egalement, un numéro de téléphone dédié, disponible 24 heures/24, a été mis en service afin de signaler les risques et de mettre les fonctionnaires en souffrance en relation avec des psychologues.