Depuis quatre ans, One to Wine permet aux Anglais de déguster le nec plus ultra des vins français et italiens. Avec des gammes créées sur mesure, cette start-up qui compte moins de dix employés, s’est imposée sur le marché britannique dans des petits et grands évènements de Londres. Malheureusement, leur activité étant essentiellement centrée sur l’évènementiel, l’apparition du Covid-19 a stoppé net leur activité.

Mais ces jeunes Français ont rapidement retroussé leurs manches pour proposer à distance des solutions alternatives à leurs clients. Le tout en évitant formellement de favoriser les rassemblements dans la capitale anglaise.

La coordinatrice des évènements de One to Wine, Margaux Fassi, répond aux questions de Blasting News, pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.

L’épidémie du Coronavirus a fortement impacté le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des commerces comme le votre au niveau mondial. Au début de l’épidémie comment l'avez-vous vécu ?

Notre activité est composée à 70% par l’évènementiel, 30% par la distribution spécialisée auprès des restaurants, cafés etc. Des évènements étaient bookés jusqu’en mai (200 à 500 personnes) et ils se sont annulés un par un.

Nous avons alors décidé, avant que le confinement soit effectif, de stopper notre activité événementielle afin de limiter les rassemblements et éviter la propagation du virus.

Avec le confinement et les mesures de distanciation sociale, les habitudes de consommation ont fortement été bousculées. Avez-vous rencontré une baisse significative de votre activité ?

Quand le ‘Lockdown’ - confinement en anglais- a été annoncé, la vente aux restaurants a bien évidemment cessé elle aussi. En trois semaines, nous nous sommes retrouvés sans revenu. C’est pourquoi nous avons lancé un e-shop, une boutique en ligne, début mars. Nous l'avions mise en place à l’origine pour survivre.

Nous ne voulions pas uniquement devenir des vendeurs d’alcool et avons donc eu l'idée de créer des ‘starters-pack’.

Il s’agit de caisses mixtes créées par nos soins, permettant aux clients de découvrir plusieurs vins à la fois. Nous accompagnons ces dégustations de ‘tastings’ en ligne avec notre fondateur Maxime Maiano, et de recettes disponibles sur nos réseaux sociaux.

Vous êtes connus pour réaliser des rencontres avec des vignerons sur des évènements comme des salons mais les rassemblements ont été interdits, vous avez donc été fortement freinés par cette crise ?

C'est vrai qu'avant le Covid-19, nous proposions différents évènements. Une partie d’entre eux étaient directement destinés aux particuliers avec des dégustations, des cours d’oenologie. Nous organisions également des évènements auprès des entreprises des workshops de 'teambuildings' (des concours, des dégustations à l’aveugle pour se retrouver ensemble) ...

etc. Il y a enfin une dernière branche de notre activité, notre service traiteur. C’est ce qui constitue notre plus grosse part de revenus.

Ces changements vous ont sans doute poussé à modifier votre manière de communiquer. Est-ce-qu’on peut dire qu’avec les réseaux sociaux, votre activité a pu subsister ?

Pour rester présent auprès de notre communauté et partager nos nouveaux services, nous avons mis en place une communication plus dynamique sur les réseaux sociaux, consistant à partager des recettes, pairings et conseils de dégustation avec de l’animation autour de recettes ou conseils autour du monde du vin.

Je pense que cela mettra quand même plus d’un an pour retrouver une activité normale.

Quand les choses se remettront en marche petit à petit, nous reprendrons notre activité de distribution au près des restaurants et continuerons ce système de livraison avec e-shop.

Le télé-travail est devenue une méthode courante dans beaucoup de pays pour permettre de garder le lien entre les employés. Cela a été votre cas également ? Votre secteur d’activité est pourtant demandeur de beaucoup de conseils, contact avec le client en face to face ?

Nous sommes très proches de nos clients et dans ce secteur du vin, il y a vraiment un partage de passion qui est important. Ainsi nous avons voulu garder contact avec nos clients via nos nouvelles offres de livraisons à l’unité et ces fameux ‘starter packs’, en plus d’un renforcement de notre présence sur les les réseaux sociaux.

À l’origine, notre but était vraiment de simplifier la lisibilité des vins français avec nos propres étiquettes sur les bouteilles, plus faciles à lire pour les britanniques car ces derniers sont habitués à choisir un vin en fonction de son cépages (et non de son origine géographique comme en France) : les anglais achètent un Chardonnay et non un Chablis. Nous avons alors créé notre gamme en sélectionnant nos propres vins en France, des vins respectueux de l’environnement, en les étiquetant de manière plus claire et en les important de manière exclusive au Royaume-Uni.

En France, un accord sur la réouverture des restaurants est en train de se peaufiner. Mais en Allemagne ou en Autriche par exemple, les cafés et brasseries ont ouverts depuis longtemps.

Au Royaume-Uni, vous savez ce qui se profile pour vous ?

Au Royaume-Uni, le confinement est certes effectif, toutefois il est moins réglementé qu’en France. La population peut sortir dans la rue sans attestation. Si en France le confinement est levé, ici au Royaume-Uni, ce n’est pas le cas. Nous avons eu certaines informations sur la réouverture des commerces qui ne sont pas de première nécessité. Mais rien pour les restaurants. Il y a des rumeurs qui parlent de juillet et août mais ce n’est pas encore certain. On attend bien sûr avec impatience que les restaurants ouvrent à nouveau pour reprendre petit à petit notre activité de distribution.

L’actualité chez vous était déjà marquée par le Brexit. Pour une start-up composée uniquement par des jeunes Français.e.s, vos activités ont probablement été bousculées par une annonce pareille ?

Oui depuis juin 2016 au moment où nous venions de lancer notre activité, la chute drastique du pound nous a fait perdre beaucoup de marge.

C’est donc à ce moment là que nous avions décidé de lancer notre activité évènementielle afin de palier ce manque de revenus, tout en continuant nos démarches respectueuses de l'environnement et en prenant comme partenaires pour nos événements uniquement des start-ups renouvelables.

Avec un évènement aussi marquant et inédit que celui que l’on vient de vivre, certaines personnalités publiques comme Robert de Niro ou Juliette Binoche appellent les citoyens à ralentir le consumérisme et leur mode de vie. Votre entreprise est elle sensible à de nouvelles perspectives d’avenir ?

Nous rejetons la consommation de masse chez One to Wine. Nous préférons passer par des petits producteurs et nous ne vendons pas dans les grandes surfaces.

Avec le confinement les gens ont redécouvert la consommation à domicile avec les apéritifs.

À Londres qui est un centre urbain dense où le foncier est élevé, les gens sont poussés à habiter de petites surfaces, voire en collocation, et ainsi plutôt à se retrouver à l’extérieur de leur domicile. Avant le Covid-19, nous ne nous destinions pas à atteindre les gens chez eux mais aujourd’hui avec cette crise, nous avons la chance que les habitudes de consommation évoluent et que les gens s’habituent à passer des moments conviviaux chez eux. C’est pour cela que nous garderons notre activité de livraison. Un de nos projets serait l'ouverture d' un bar à vin mais cela est plutôt prévu pour dans un an ou deux.

Vous décrivez sur votre site une certaine sensibilisation à la préservation de l’environnement. Comment cette action se concrétise-t-elle réellement ?

En effet, c’est l’origine du projet One To Wine, nous sélectionnons uniquement des vins 100% respectueux de l’environnement et ne travaillons qu’avec des partenaires qui ont la même démarche. Nous faisons très attention à la manière dont nous choisissons nos producteurs et comment nous distribuons nos vins au Royaume-Uni.

Dans beaucoup de cas, même si leurs vins possèdent le label Bio, les vignerons utilisent du cuivre dans leur productions en France, or c’est un non sens étant donné que ce métal est extrêmement polluant pour les sols. C’est pour cela que One To Wine a créé sa propre charte et nous contrôlons chaque pratique viticole et vinicole de chacun de nos vignerons.

Chaque année on se déplace chez eux pour vérifier que tout est produit réellement en respectant l’environnement.

De plus, pour pousser notre démarche plus loin, nous avons effectué des calculs et déterminé les quantités de CO2 émises pour l’importation, le transport et l’emballage (minimum) de nos vins. Grace à ce calcul, nous compensons aujourd’hui ces émissions par la plantation d’un nombre équivalent d’arbres.

Au Royaume-Uni, rappelons que plus de 37.000 personnes sont mortes des suites de l'épidémie de Covid-19. Dans le pays, le Premier ministre Boris Johnson a été lui aussi contaminé et son hospitalisation a fait le tour de la toile en Europe. Il a repris depuis ses fonctions à la tête du gouvernement britannique.

Nous rappelons que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé et qu'il est à consommer avec modération.