La joie et le soulagement étaient au rendez-vous sur l'Aquarius ce dimanche matin. En effet, les 629 migrants et réfugiés rescapés au large de la Libye et détournés d'Italie et de Malte sont arrivés au port de Valence après sept jours passés en mer. Un navire de garde-côtes italien, le premier des trois navires transportant le groupe, est entré dans le port de Valence à 6h20. Les migrants et les réfugiés secourus voyagent sur trois navires, l'Aquarius, exploité par les associations caritatives SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières (MSF), un navire de guerre italien et un navire de garde-côtes italien.

Aloys Vimard, coordinateur de MSF à bord du Verseau, a déclaré que ces derniers jours avaient été difficiles, avec une mer agitée rendant les gens malades. Dès leur débarquement, les personnes secourues, parmi lesquelles sept femmes enceintes, 104 enfants et adolescents et les personnes souffrant de brûlures causées par le carburant, ont reçu un contrôle médical de la part de la Croix-Rouge. Les personnes secourues vont aussi bénéficier d'aide afin d'être en mesure d'effectuer une demande d'asile. Du côté de Valence, les autorités se sont en tout cas montrés très accueillantes.

La France dénonce la décision de l'Italie

Ce n'est évidemment pas le cas de tout le monde, puisque cette semaine de traversée de l'Aquarius a été l'occasion d'un vif débat autour de l'immigration et de la question des migrants dans l'Union européenne.

Le gouvernement italien, nommé il y a plusieurs semaines, a ainsi dévoilé au grand jour sa politique dans ce domaine en refusant d'accueillir ces réfugiés et en refusant tout simplement que l'Aquarius accoste dans l'un des ports du pays. Emmanuel Macron a d'ailleurs accusé le gouvernement italien de « cynisme et irresponsabilité ».

Lundi, le nouveau Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a déclaré que le pays les prendrait en charge, déclarant qu'il avait le devoir d'aider à éviter « une catastrophe humanitaire ». Le gouvernement espagnol joue un rôle majeur, puisqu'il a également annoncé son intention d'étendre les soins de santé publics aux étrangers sans permis de séjour, et envisage d'enlever les barbelés qui dépassent les clôtures frontalières dans les deux enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta en Afrique du Nord.

Le service de sauvetage maritime espagnol a sauvé 933 personnes qui tentaient de traverser la Méditerranée : un acte salué par la communauté internationale.

L'Espagne saluée pour sa décision

Et la France dans tout ça ? Le gouvernement a proposé d'accueillir tous les passagers ayant droit à l'asile et souhaitant s'y rendre. Un peu plus tôt dans la semaine, Edouard Philippe avait affirmé que la France était « prête à aider » dans ce dossier. Une décision qui ne fait pas l'unanimité. Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen a dénoncé l'action des ONG. La présidente de l'ex-Front National se rendra d'ailleurs prochainement en Italie, sans doute pour parler de politique d'immigration. Un sujet qui demeure un véritable déclencheur de crise au sein de l'Union européenne.

Désormais, sur ce sujet, l'Espagne est d'un côté de la table, l'Italie de l'autre... et la France au milieu, tentant de jouer les arbitres avec mesure. Emmanuel Macron a ainsi rencontré Giuseppe Conte, le chef du gouvernement italien, il y a deux jours. Les deux hommes ont échangé, mais l'Italie ne reviendra en aucun cas sur sa décision et sa politique en terme d'immigration. Sur ce sujet, la France est désormais de plus en plus isolée et livrée à elle-même concernant l'accueil de migrants et de réfugiés. Une crise migratoire qui fait donc trembler l'Union européenne sur ses bases.