Entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, le ton est monté ces derniers jours, sur fond de crise migratoire. Pourtant, ce mardi, il faudra arriver à s'entendre pour le président de la République française et la Chancelière allemande. En effet, Macron et Merkel se retrouvent à Berlin pour évoquer l'avenir de l'Union européenne. En jeu : une réforme très attendue mais dont les contours peinent à se dessiner, alors que le prochain conseil européenne aura lieu dans dix jours, le 29 juin. Pour rappel, Emmanuel Macron a présenté des propositions ambitieuses en septembre dernier afin de reconstruire l'UE et renforcer l'union monétaire au sein de la zone Euro.

Cependant, les points centraux des plans budgétaires de Macron rencontrent une résistance importante et des inquiétudes à Berlin. L'idée d'un budget de la zone euro est très impopulaire dans l'Union de Merkel, en particulier du côté du CSU. Le risque est donc grand pour la Chancelière allemande de voir la fragile coalition qu'elle a bâtie voler en éclats. Angela Merkel joue donc très gros ce mardi, elle qui explique que l'amitié franco-allemande est « importante pour le travail de paix en Europe » et doit « être maintenue et renouvelée face à de nombreux changements ».

Macron pourrait faire des concessions

Une amitié franco-allemande qui va donc subir un nouveau test ce mardi, même si du côté de Berlin, on se veut pour le moment confiant sur l'avancée des discussions.

« Nous avons fait des progrès considérables », a révélé Angela Merkel, samedi. Selon plusieurs médias allemands, le gouvernement français pourrait faire des concessions importantes. Emmanuel Macron pourrait tout simplement décider que les pays de la zone euro remboursent plus tard les avantages financiers qu'ils recevront en temps de crise grâce à un budget commun de l'UE.

Un État pourrait ainsi suspendre ses paiements au budget s'il devient involontaire en cas d'urgence. Si la situation économique s'améliore à nouveau, les montants devront être remboursés. Des mesures qui pourraient suffire à convaincre l'Allemagne. La chancelière Angela Merkel avait annoncé des réponses communes aux défis pour l'Europe lors de la réunion avec Macron à Meseberg.

Déjà le week-end dernier, Bruno Le Maire avait évoqué un accord proche pour réformer la zone euro, après un entretien avec le ministre fédéral allemand des Finances, Olaf Scholz, à Hambourg.

Merkel et Macron vont sans doute aussi parler immigration

Reste désormais à accorder les violons entre les deux dirigeants, qui portent la dynamique de l'Union européenne. Clairement, sur de nombreux sujets, Emmanuel Macron a été obligé de faire des concessions face à la fermeté d'Angela Merkel. Exit, sans doute, la question du ministre des finances dédié à la zone euro. Mais ce mardi, c'est aussi la question de l'immigration qui pourrait venir se mêler aux discussions. Depuis le refus de l'Italie d'accueillir l'Aquarius ou tout autre navire transportant des réfugiés et des migrants dans l'un de ses ports, l'UE tremble sur ses bases.

Finalement, c'est l'Espagne qui a reçu l'Aquarius à Valence, la France confirmant qu'elle allait prendre sa part de réfugiés. Avant de peut-être s'accorder sur une position économique concernant la réforme de l'Union européenne, le couple franco-allemand va aussi devoir assumer une position claire, et sans doute commune, sur la gestion de la crise migratoire. L'Europe est-elle encore, ou pas, une terre d'accueil ? Voilà une question qui devrait animer tout autant les débats entre Angela Merkel et Emmanuel Macron que celle de la réforme de l'Union européen, grand projet du président de la République.