Le 13 mars marque une importante fête iranienne, même si le régime théocratique en Iran a toujours essayé d'empêcher la population de la célébrer. La fête du feu ou Chaharchanbeh-Souri aura lieu le dernier mardi avant chaque Nouvel An iranien, et sa célébration remonte à d'anciennes traditions préislamiques. Ce jour-là, les fêtards sautent sur de petits feux comme symbole de purification en préparation pour le Norouz, qui se traduit littéralement par "nouveau jour".

Alors que les célébrations se préparent, les Iraniens espèrent voir des changements politiques allant bien au-delà de la simple transition d'une année civile à l'autre.

C'est certainement le cas de la jeunesse qui se prépare à une nouvelle série de manifestations antigouvernementales.

Pendant plusieurs semaines à la fin décembre et en janvier, des manifestations incessantes se sont répandues à travers l'Iran, donnant lieu à des slogans audacieux "A bas la dictateur" et d’autres slogans qui ne peuvent être interprétés que comme des appels directs au changement de régime. Les manifestations ont été réprimées par les forces de sécurité et plus de 50 manifestants ont été tués. Environ 8 000 autres personnes ont été arrêtées, et des informations continuent de circuler relatant les meurtres résultant de la persistance des mesures de répression.

Au moins 16 militants ont été torturés à mort depuis le début du mois de janvier, selon les informations du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), un parlement en exil pluraliste représentant l’opposition démocratique.

L’agitation persiste dans le pays. Cela explique la conclusion de certains observateurs étrangers chevronnés et des experts du Moyen-Orient: les révoltes iraniennes sont susceptibles de reprendre et de présenter une menace encore plus sérieuse pour le régime clérical de Téhéran.

Les appels des opposants

Les organisations hostile à la théocratie iranienne, telles que l’Organisation des Moudjahidine du peuple (OMPI), viennent d’appeler les Iraniens à célébrer le Chaharchanbe-Souri plus intensément que jamais et en profiter pour se rassembler et protester contre la totalité du régime.

La fête du feu amène chaque année un grand nombre d'Iraniens dans la rue au mépris des efforts du régime pour contrôler les foules. Ces efforts se sont intensifiés à l'approche de la célébration de cette année, comme en témoigne le projet de la ville Téhéran de déployer des milices civiles dans toutes les grandes municipalités, sous le commandement des Gardiens de la révolution islamique (CGRI-pasdaran).

Mais ce n’est pas sûr que ces précautions répressives suffisent à surmonter l'énorme mécontentement qui n’a fait que croître depuis janvier. L'ampleur géographique du soulèvement en Iran a rendu difficile la répression, même en s'appuyant sur la violence et le ciblage aveugle de militants. Cette répression ne manque pas d'attiser davantage l’aversion du peuple et conforter ses convictions de liberté.

La fête du feu bénéficiera d'une étendue géographique similaire. C’est une occasion pour les iraniens de se débarrasser des contraintes imposées par le régime et d’exprimer leurs aspirations culturelles.

Pendant près de 40 ans, la dictature religieuse a essayé de débarrasser le pays de la liberté d'expression culturelle, alors que le peuple s'est obstinément battu en retour.

Le gouvernement veut imposer une identité de fondamentaliste aux iraniens, alors que la jeunesse éduquée iranienne ne se reconnait pas dans cette identité intégriste.

Chaharchanbeh-Souri n'est pas la seule manifestation pour les rites bafoués par l’intégrisme. Les célébrations annuelles de Cyrus le Grand, figure nationale, mais honni par les mollahs, ont également tendance à provoquer des affrontements entre l'opinion publique et les forces de sécurité du régime, tout comme la simple expression des libertés qui vont de soi dans les démocraties laïques modernes.

Il semble que le peuple iranien est prêt à sauter par-dessus le feu pour parvenir à la liberté et à la démocratie.