Du 7 au 14 avril, le Conseil Franco-Iranien organise une "semaine culturelle sur la ville d’Ispahan à Paris". Au programme, débats, conférences, projections cinématographiques, gastronomie, expositions ou encore concerts… Les organisateurs affirment vouloir faire découvrir Ispahan sous un angle « original et pluridisciplinaire ». Toutefois, le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI) ne l’entend pas de cette oreille…

Selon le CSDHI, cette semaine culturelle a pour objectif de cacher la réalité actuelle en Iran. En pleine tempête politique et sociale (rappelons que des manifestations sans précédent ont lieu en Iran depuis le début de l’année), le lobby des mollahs, qui se cache derrière le Conseil Franco-Iranien, essaye de vendre un Iran qui n’existe pas.

D’ailleurs, le vice-président des mollahs fera partie des invités.

Nulle mention de la répression cruelle envers les manifestants, de la ségrégation sexuelle ou de la censure. La brochure de l’événement présente même des femmes tête nue, une image impossible en Iran où le voile est obligatoire.

Des organisateurs douteux

La semaine culturelle sera inaugurée à l’Assemblée nationale, sous l´égide du groupe d’amitié France Iran, présidé par la députée Delphine O.

Les activités de ce groupe ont pour objectif de soutenir la relation politique franco iranienne, de faire connaître l’Iran en France et de renforcer les échanges universitaires et scientifiques entre les deux pays. Une mission difficile lorsqu’il s’agit de collaborer avec un régime problématique comme celui d’Ali Khamenei, le guide suprême.

Par conséquent, le groupe tente de blanchir l’image de l’Iran en dissimulant la réalité. Delphine O est également la cofondatrice du groupe de lobby « Lettres Persanes », qui vise principalement à redorer l’image du régime pour favoriser les investissements. Delphine O essaye à tout prix d’évoquer la question des droits de l’homme, en affirmant que tout va bien en Iran malgré les nombreux rapports alarmant des Nations-Unis et des ONG qui ne cessent de se multiplier.

Par exemple, la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l’homme en Iran Asma Jahangir déplorait dans un rapport de mars 2018 que : « Les femmes n'ont pas les mêmes droits que les hommes dans le mariage, le divorce, la garde des enfants ou l'héritage. Les maris ont un droit incontestable au divorce. Les femmes mariées ne peuvent pas obtenir un passeport sans la permission de leur mari. En Iran, les femmes demeurent incapables de transmettre leur citoyenneté à leurs enfants (…) »

Même le président français Emmanuel Macron a bien compris que le régime iranien ne pouvait pas être un partenaire de la France : « L'Iran n'est pas un partenaire, nous avons une relation qui est structurée à travers un accord sur le nucléaire.

Il faut le compléter par une discussion et un accord structuré sur l'activité balistique et une discussion stratégique sur la place de l'Iran dans la région pour lutter contre objectivement aujourd'hui des actions de déstabilisation menées (par Téhéran) dans plusieurs pays », déclarait-il en novembre 2017.

Un choix cynique

Le choix de la ville d’Ispahan, présentée comme une ville à l’architecture et aux jardins magnifiques, et très active sur le plan culturel, peut sembler cynique. En effet, Ispahan a été le théâtre d’évènements tragiques, y compris vingt pendaisons en 2017 dont trois publiques, de multiples agressions de femmes à l’acide, des patrouilles contre les « mal-voilées », une persécution des minorités chrétiennes et bahaïes ou encore l’interdiction du vélo pour les femmes.

Côté culture, il convient de mentionner que certaines salles de concert sont condamnées, les concerts interdits, et que des artistes sont en prison. Enfin, la brochure de la semaine culturelle vente les beaux espaces verts de la ville. Actuellement, le fleuve Zayandeh-Roud est à sec en raison de son exploitation anarchique par les gardiens de la révolution à des fins militaires. Tous les jours, les agriculteurs d’Ispahan manifestent pour réclamer leur droit à l’eau.

À l’image d’Ispahan, l’Iran a soif.

Soif d’eau mais également de liberté. C’est pourquoi le CSDHI appelle les Parisiens et institutions à ne pas tomber dans le piège et à se désolidariser de cette « sordide opération de lobbying ».