L'Allemagne ne parvient toujours pas à régler la crise migratoire qui anime sa vie politique depuis maintenant deux semaines. Entre le parti d'Angela Merkel, la CDU (Union Chrétienne-Démocrate), et son allié historique de la CSU (Union Chrétienne-Sociale bavaroise), les discussions restent vives. La Chancelière doit justement rencontrer ce lundi les responsables de son parti-frère pour une tentative d'accord alors que le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer de la CSU, a proposé ce dimanche de démissionner selon les informations de l'Agence France Presse (AFP).

La CSU reproche surtout à Angela Merkel d'être trop laxiste dans sa politique migratoire, et a laissé entendre que la réunion d'aujourd'hui serait celle "de la dernière chance" pour trouver un compromis. Le désaccord réside surtout dans la façon de gérer l'accueil des migrants déjà enregistrés dans d'autres pays de l'Union européenne. Alors qu'Angela Merkel ne s'est pas opposée à leur entrée pour éviter à l'Europe de nouvelles tensions, Horst Seehofer souhaite leur fermer l'accès à l'Allemagne en les refoulant à ses frontières.

Trois solutions s'offrent à Horst Seehofer face à Angela Merkel

Avant d'annoncer son souhait de démissionner si la réunion de ce lundi se concluait par un échec, le ministre allemand de l'Intérieur avait listé trois solutions à la crise : céder aux décisions de la Chancelière, imposer ses propres idées en ordonnant aux forces de l'ordre de ne pas respecter le choix d'Angela Merkel, ou démissionner.

Pour le moment, c'est donc cette dernière option qui est privilégiée. Si Horst Seehofer la met à exécution et que son parti CSU quitte le gouvernement, la CDU n'aura plus la majorité au Parlement du Bundestag, ce qui risquerait d'entraîner des élections législatives anticipées, et pousser la Chancelière vers la sortie.

Une autre hypothèse pourrait également se profiler : remplacer l'actuel ministre de l'Intérieur par un autre cadre de la CSU dont les relations avec Angela Merkel sont bien meilleures, ce qui permettrait de négocier plus facilement un accord.

Mais l'actuelle leader du gouvernement allemand ne semble pas être prête à céder. Hier dimanche à Berlin, elle a obtenu le soutien total de son parti, dont les cadres ont refusé par un vote la proposition de Horst Seehofer de ne pas accepter certains migrants sur le territoire national.

Des tensions qui durent entre la CSU et la CDU

Si les tensions se cristallisent entre les deux camps depuis deux semaines - depuis que la Chancelière a catégoriquement refusé le projet de son ministre de refouler les migrants aux frontières allemandes - le désaccord entre la CDU et la CSU sur la question migratoire dure depuis trois ans. En 2015, Angela Merkel décidait d'ouvrir les portes de l'Allemagne à des centaines de milliers de migrants, déclenchant alors la colère du parti-allié.

L'Union Chrétienne-Sociale bavaroise pense également aux prochaines élections régionales du mois d'Octobre, et craint la montée en puissance de l'AFD (Alternative pour l'Allemagne), le parti d'extrême-droite dont les positions anti-migrants ne sont plus à démontrer.

Un bon score de l'AFD pourrait faire perdre sa majorité à la CSU en Bavière, d'où son positionnement de plus en plus à droite pour retenir les électeurs tentés par l'Alternative pour l'Allemagne.

Par ailleurs, les mesures prises la semaine dernière lors du dernier sommet européen consacré à l'immigration ont été qualifiées d'insuffisantes par Horst Seehofer, alors qu'Angela Merkel pensait justement que ces décisions calmeraient les rébellions... en vain.