La rue nicaraguayenne s'est réveillée. Dans de nombreuses villes, des barricades se sont dressées pour stopper l'avancer de la police et des troupes para-militaires envoyés pour stopper le mécontentement. Ces affrontements ont un coup : 210 morts depuis le 18 avril. Malgré ce bilan déplorable, le peuple Nicaraguayen continue de descendre dans la rue pour se faire entendre.
Pourquoi ce mécontentement ?
Il y a plusieurs raisons à cela : la première étant le plan de réforme des retraites. Le plan du gouvernement était de diminuer de 5% le montant de celles-ci pour réduire le déficit de la sécurité sociale ( environ 76 millions de dollars ).
Pourtant la situation économique du pays est loin d'être mauvaise. De 2010 à 2016, le PIB est plus que doubler : on passe de 6 milliards à 13 milliards de dollars. Le pays profite de la hausse des prix des matières premières comme le café, l'or, le sucre qu'il vend pour renflouer les caisses de l’État. Mais cette situation n'est qu'un camouflet. En effet, la richesse du pays n'est détenue que par 300 familles qui ont un pouvoir économique effarant. Leur richesse équivaut à trois fois le PIB du pays. Au fur et à mesure, les inégalités se creusent et la classe modeste du pays devient de plus en plus pauvre. Le taux de pauvreté du pays tourne autour des 40% depuis plusieurs années. Cette pauvreté pousse les Nicaraguayens a descendre dans la rue et ce mécontentement pousse le gouvernement à sur-réagir en donnant le pouvoir aux autorités qui obtiennent le droit de tirer sur la population.
Afin de se défendre contre la répression, la population dresse dans les rues, des barricades de fortune composées essentiellement de carcasse de voiture. Des tranchées sont creusées pour stopper l'avancer des véhicules de police. Les magasins ouvrent à peine mais certains commerçants remplis de courage sortent dans la rue et vendent le peu de marchandise qui leur reste.
À cette crise sociale, se rajoute la crise politique. En effet, il n'y a aucune opposition au pouvoir déjà en place. Le parti politique qui s'opposait au gouvernement a totalement disparu, battu aux législatives et aux municipales. Ces pleins pouvoirs ont permis à l'exécutif de faire passer toutes les lois, qu'elles soient bonnes ou mauvaises.
Une censure imposée
La presse annonce que depuis quelques jours, les journalistes sont victimes de menaces de mort et d’agressions. Ils dénoncent les pressions qu'exerce le gouvernement et demande a ce que la campagne de censure mis en place soit stoppée. Plusieurs équipes de radios locales ou de journalistes opposés au pouvoir ont été victimes de tirs de l'armée. Cette censure est aussi effective dans le monde entier. Ce n'est que récemment que les représentants de l’Union européenne, du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme et de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) ont pus rentrer dans le pays. Suite à cette visite, le CIDH a dénoncé un usage excessif de la force et de la torture. Depuis , le gouvernement a entamé des discutions pour mettre en place des élections fin 2019. Une démocratisation du pouvoir s'imposait pour ce pays victime de son choix politique.