Coup de tonnerre. ' Total a officiellement quitté l'accord pour le développement de la phase 11 de South Pars (gisement de gaz) ', a déclaré Bijan Namdar Zanganeh, ministre iranien du pétrole, à l'agence ICANA. Une annonce majeure intervenue lundi, au moment où la question des efforts de l'Europe pour sauver l'accord sur le nucléaire fait débat. En effet, l'Iran a appelé les pays européens à sauver cet accord, menacé par les États-Unis. Pour rappel, cet accord date de 2015, lorsque Téhéran et les autres grandes puissances avaient signé le Plan d’action global conjoint (JCPOA).
La décision prise par Total est ainsi étroitement liée à la position ferme de la première puissance mondiale. En effet, Washington, a déclaré que toute entreprise traitant avec Téhéran ne pourrait plus exercer ses activités aux États-Unis. Bluff ou vraie menace ? Le groupe pétrolier n'a visiblement pas voulu prendre le risque de perdre son marché américain et dit donc adieu à l'Iran. Une sacrée victoire pour Donald Trump, qui montre ainsi que sa parole et ses menaces ont bien une influence de premier ordre. En revanche, la décision prise par Total est un coup dur pour la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, la Chine et la Russie, ardents défenseurs de l'accord nucléaire de 2015.
L'Europe tente de répliquer
' Les Européens et autres signataires de l'accord ont tenté de sauver l'accord ... mais le processus a été lent. Il devrait être accéléré ', a ainsi souligné le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qasemi. ' L’Iran compte principalement sur ses propres capacités pour surmonter les nouvelles sanctions américaines ', a-t-il ajouté, laissant supposer que cet opposition entre l'Iran et les Etats-Unis est loin d'être terminée.
Depuis de nombreuses semaines, les puissances européennes tentent de convaincre l'Iran de faire preuve de bonne volonté et de rester dans les clous de l'accord de 2015, malgré le départ des États-Unis. Cela s'est notamment concrétisé par des avantages économiques en faveur de Téhéran, mais ces efforts ont été balayés il y a quelques jours par la décision de Donald Trump de viser l'Iran avec de nouvelles sanctions.
Ces dernières prennent notamment pour cible le commerce de métaux précieux, les achats de dollars américains et l'industrie automobile de Téhéran. De nouvelles sanctions qui ont évidemment faire grincer quelques dents en Iran, mais aussi en Europe.
Une victoire pour Donald Trump
Suite à l'annonce de Total de se désengager du territoire iranien, plusieurs pays européens ont d'ailleurs tenté de sauver les apparences en assurant que de nouvelles mesures pourraient être prises afin de permettre aux entreprises de rester en Iran afin de poursuivre leurs activités. Suffisant ? Pas sûr, puisque Donald Trump pourrait annoncer une nouvelle série de sanctions d'ici le mois de novembre. Du coup, la fuite des entreprises se poursuit, puisque avant Total, ce sont notamment PSA et Renault qui ont dit adieu à l'Iran.
Les États-Unis ont bien tenté d'offrir une porte de sortie à l'Iran en tentant de leur imposer un nouvel accord nucléaire, bien plus sévère. Mais Téhéran a refusé toute tentative de négociation avec la première puissance mondiale. Donald Trump espère frapper fort au cœur de l'économie iranienne, notamment en faisant chuter la valeur de la monnaie grâce aux sanctions imposées. Plus que jamais, les États-Unis semblent donc avoir pris le dessus sur le reste du monde sur le dossier iranien. La décision prise par Total est le témoin de l'influence américaine face au régime de Téhéran.