La mort du maitre du terrorisme iranien, le général Qassem Soleimani, numéro 2 du régime clérical, et d'Abou Mahdi Mohandis, figure centrale de la milice irakienne Hashd al-Sha'abi financée et armée par l'Iran, a remporté le ticket gagnant pour l’effondrement du régime iranien. Ce dernier est confronté à une fronde populaire à l’intérieur de ses frontières, ainsi qu’en Irak et au Liban, des pays qu’il avait déclaré officiellement comme sa « profondeur stratégique ». Le soulèvement en Irak fait tache d’huile, ralliant chaque jour davantage de villes et de provinces qui veulent s’affranchir de la main de fer de l’Iran.

Le rôle de Soleimani

Au cours des 20 dernières années, Soleimani a fait prospérer la stratégie de Téhéran en égrenant des proxies, ces forces par procuration, dans toute la région. Il se déplaçait pour vider les institutions étatiques de ces pays et les remplaçait par des organisations terroristes encadrées par la Force Qods et les faisait passer pour des organisations politiques. En tant que chef de la Force Qods, il avait instauré un « croissant chiite » d'influence iranienne s'étendant jusqu’à la Méditerranée et encerclant les pays arabes conservateurs du Golfe.

Avec une idéologie enracinée dans le dogme islamiste médiéval, le régime iranien est incapable de répondre aux exigences culturelles, économiques et politiques de sa population au XXIe siècle.

Sur le plan intérieur, Téhéran a cherché à contenir le mécontentement populaire généralisé avec une répression brutale et des violations flagrantes des droits humains. Parallèlement, il a attisé les conflits confessionnels et les guerres tout en s'ingérant dans les affaires intérieures des pays de la région.

C'est ainsi que le pouvoir clérical s’est maintenu en place, grâce à cette « profondeur stratégique » qui lui évite de se battre dans les rues d’Iran.

C’est pour cela que les responsables iraniens considéraient Soleimani comme le gardien de leur propre sécurité. L'aventurisme étranger a permis à Soleimani de répandre la terreur et la répression en Iran, tout en créant une illusion de sécurité.

La mort de Soleimani a jeté le Guide suprême Ali Khamenei dans une situation d’une grande précarité alors que les soulèvements éclatent à répétition.

Khamenei a rationalisé son bellicisme étranger en disant : « Si nous ne combattons pas l'ennemi dans les rues d'Irak et de Syrie, nous devrons le combattre dans les rues de Kermanchah, Hamedan, Téhéran et d'autres villes d'Iran. » A présent, le cauchemar de Khamenei est devenu réalité, et sa guerre avec le peuple iranien qui aspire à sa légitime liberté et prospérité se déroule dans les rues d’Iran.

Avec la politique de complaisance en tout genre au cours de la dernière décennie, les pays occidentaux ont fermé les yeux sur le terrorisme et la politique militariste de la dictature religieuse en Iran afin de conserver leurs propres intérêts économiques. Mais cette politique est désormais obsolète.

Avec le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire en 2017 et les sanctions en rafales contre l'Iran, Khamenei est seul sur le champ de bataille, face au peuple iranien.

"Vengeance acharnée"

La récente confrontation militaire avec les États-Unis a brisé l’image du régime à la fois localement et mondialement. Tôt le mercredi 8 janvier 2020, le régime iranien a tiré plusieurs roquettes « de représailles » et a attaqué la base d'al-Assad près de Bagdad, où sont stationnées des troupes américaines. Dans des déclarations contradictoires, les gardiens de la révolution ont annoncé le tir de dizaines de missiles sur Ein Al-Assad et des bases militaires américaines à Erbil (Kurdistan irakien), ajoutant qu’ils avaient fait quatre morts et quatre blessés parmi les Américains.

Erreur délibérée

Mais que s’est-il passé en réalité ? Les déclarations du régime n'ont été étayées par aucun gouvernement, aucune source militaire ou d’information. L'agence de Reuters a toutefois déclaré : « l'Iran aurait intentionnellement tiré des missiles contre les forces américaines en Irak. »

Le Premier ministre irakien, Adel Abdul Mahdi, a également twitté que Téhéran l'avait contacté à propos d’attaques de missiles et de toute évidence, il en avait averti les autorités américaines. Par conséquent, les slogans du régime sur la « vengeance dure » et autres menaces ont soudain éclaté comme un ballon de baudruche, laissant un régime apeuré par une contre-attaque américaine.

Le pouvoir iranien pensait que les États-Unis n'avaient pas de plan de guerre.

Il voulait gêner Trump en attaquant l'ambassade américaine et par d'autres actes de terrorisme avant l'élection présidentielle américaine. Son but était probablement de le faire destituer de ses fonctions, de le forcer à suspendre les sanctions ou de faire fuir ses partisans. Au lieu de cela, ils ont brisé leur propre corps fragile du pouvoir en préparant le terrain pour la mort de Qassem Soleimani.

Avant cela, le régime voulait convaincre les pays européens qu'il était une puissance régionale et qu'ils devaient le prendre en compte dans l'élaboration de la politique du Moyen-Orient. Mais aujourd’hui un nouveau rapport de force s’est établi entre le peuple iranien et le régime.

Dans une nouvelle vague de manifestations à la mi-janvier lancées par les étudiants après l’abattage du Boeing 752 d'Ukraine International Airlines, les slogans ont visé directement le guide suprême. Les manifestants ont appelé ouvertement à sa démission, à un changement de régime.