Il y a comme des disparités entre l’annonce des résultats des ‘’primaires citoyennes de la Belle Alliance populaire’’ entre le site qui leur sont dédiées et les pages leur étant consacrées sur le site du PS. Un seul point saillant commun : le total des voix est escamoté, et il faut donc faire l’addition (sur le site des primaires) pour le constater. On peut être surpris aussi, alors que des bulletins blancs étaient mis à disposition, que les résultats définitifs cumulent les blancs et les nuls. Dans les blancs, on retrouvera des bulletins de journalistes ayant vérifié comment, comme lors des primaires de la droite, on pouvait, avec succès, voter deux fois.
En revanche, des personnes sincères n’ont pu voter faute de justificatifs suffisants. Qu’importe, c’est très marginal, et le total impossible à déterminer se situe peut-être très proche de celui d’un échec acceptable (1,5 million), loin de celui du succès pré-proclamé (2), et du réel succès espéré (plus de deux millions). Mention passable malgré tout, compte-tenu des circonstances, mais selon des propos antérieurs, de l’aveu même du vainqueur, Benoît Hamon, cette faible mobilisation augure mal de la suite. Sauf si le second tour…
Benoît Hamon net vainqueur
Par rapport aux estimations à 23 h, hier soir, Benoît Hamon, au final, a creusé l’écart, gagnant un pour cent sur Manuel Valls (36,35 contre 31,11 et 17,52 pour Arnaud Montebourg).
Ce dernier bénéficie d’une très solide accroche régionale de la Nièvre au Jura et de la Côte d’Or à la Saône-et-Loire. Benoît Hamon bénéficie de forts ancrages et notamment au sud du fief de Montebourg et à l’ouest. Or, le sud des Pays-de-Loire (Anjou, Pays Nantais) — et sans surprise l’Alsace — ont penché significativement pour l’écologiste François de Rugy, qui n’a pas annoncé de consigne de vote.
Mais il n’a guère intérêt à se mettre à dos des électeurs penchant majoritairement pour Benoît Hamon. L’électorat ne se désavouant que fort peu d’une semaine à l’autre, l’avantage en faveur de Benoît Hamon devrait se creuser, en toute logique. Sauf si, sauf si, les abstentionnistes penchant à gauche du premier tour affluaient, ou que tant Marine Le Pen et François Fillon trouvaient avantage à l’affrontement avec un candidat affaibli, soit Manuel Valls.
Mais l’expérience (lanterne dans le dos pour mesurer le chemin parcouru) des analyses électorales penche pour une encore plus nette victoire de Benoît Hamon au second tour.
L'après
Reste qu’avec une faible amélioration de la participation, il ne semble guère en mesure de démentir les sondages qui ne le voient pas passer la barre du premier tour de l’élection présentielle. C’est pourquoi le Huffington Post titre ‘’Qui de Mélenchon ou de Macron a remporté le premier tour ?’’. C’est bien de cela qu’il est vraiment question. Plus Valls sera affaibli, plus Macron est renforcé ; moins Hamon suscite la dynamique, plus Mélenchon est conforté. Les écologistes (de Rugy, Jadot) vont être très, très fortement sollicités… De plus, en fonction de la décision de François Bayrou — très tiraillé, et de moins en moins critique à l’égard d’Emmanuel Macron —, on pourrait assister à la recomposition que prédit mon candidat fantôme, Gaspard Delanoë (le vrai Delanoë !), clamant en substance ‘’la fin du PS approche, le vieux monde s’effondre’’.
Bennahmias, le pèse-peu du premier tour, l’a dit : il pourrait voter Macron. Sylvia Pinel, qui initialement, devait se présenter hors primaire, cherche surtout des circonscriptions pour les radicaux de gauche. Les obtiendrait-elle du duo Hamon-Montebourg, de Valls ? De Macron ? Elle a misé sur Valls. Fortement. Provisoirement ? Yves Jégo (UDI) veut que François Fillon affronte Manuel Valls pour fragiliser Macron, qui, lui espère une large victoire de Benoît Hamon et récupérer les déçus d’une défaite de Manuel Valls. L’enjeu du second tour est crucial tant pour Mélenchon que pour Macron.