Eh oui, le pronostic erroné de VSD, dimanche en fin d'après-midi, a suscité des espoirs aussi illusoires qu'immodérés (enfin, dans l'immédiat). VSD n'employait le conditionnel qu'avec une extrême modération : François Fillon allait être débranché dans la nuit, ou ce lundi, au plus tard demain, mardi, avant même que les coursiers des autres rédactions soient revenus de celle du Canard enchaîné. Simultanément ou presque à celle de la mise en ligne de l'exclusivité de VSD, on pouvait lire sur les réseaux sociaux sarkozystes que c'était quasi déjà fait, il allait être mis fin aux souffrances du moribond cérébral.

L'urgence était désormais de barrer la route à Alain Juppé (qui a fait une nouvelle volte-face depuis) pour imposer l'aura du rayonnant Nicolas Sarkozy. En témoigne ce message explicite. "Notre amie Valérie Debord vient de convoquer une réunion du bureau politique [ndlr. de LR] qui devrait avoir lieu mardi (…) En cas de désistement vraisemblable de Fillon, nous organisons un rassemblement le 18 février à Paris, en référence à l'appel du 18 juin, en vue de l'appel à la candidature de Nicolas Sarkozy (…) devant le siège des Républicains (…) dès confirmation, nous vous donnerons de plus amples informations.''. C. C. (et non p.c.c.) se reconnaîtra. Ce "vraisemblable" m'a retenu d'en faire état hier et j'ai préféré rester dubitatif face à l'exclusivité de VSD. Bien m'en a pris.

Bah, une info, un démenti, deux infos… Ce qui ne se dément pas, même si cela peut sembler "démentiel" (enfin, hyper-optimiste), c'est que depuis la conférence de presse de François Fillon, les sarkozystes de base ne désarment pas.

Crédibilité nulle

François Fillon reste, aux yeux de la base sarkozyste, un choix exécrable. "Fillon réitère son comportement de 2013 pour la présidence de l'UMP, il ment aux Français, il saborde la droite en l'absence de décision de retrait", consignait C.

B. avant-hier soir. Hier lundi soir, même ferveur, voire même rancœur après les "explications" et "excuses" de François Fillon. Si Nicolas ne revient pas, le parti, la France, vont plonger dans le "chaos". Toutefois, le doute s'instillait. "Plus que deux choix : Micron (gauchiste masqué) et Marine ?". "Ils devraient coincer ce mec [Fillon] dans un ascenseur et lui faire signer sa démission et le remboursement des six millions d'euros." Car, avec ce "voyou", ce "boulet", c'est la survie "de la droite républicaine" qui est en jeu.

Je censure les injures publiques, les mettant sur le compte de l'émotion (mettons que je protège mes sources). Le passage sur la journaliste du Telegraph suscite aussi des commentaires. La journaliste ayant filmé un entretien avec Penelope Fillon dément les propos de François Fillon, et en français : Kim Willsher enfonce le clou, "il n'y a rien qui dénonce Envoyé Spécial. Rien". Et c'est assorti de #falsenews. Élise Lucet renfonce le clou : Kim Willsher n'a pas téléphoné à Penelope Fillon, contrairement à ce qu'affirmait François Fillon. C'est accessoire, finalement. L'important, c'est surtout que le parquet financier vient de communiquer qu'après avoir reçu les avocats des époux Fillon, il n'avait pas l'intention de mettre fin à son enquête, et que la question de constitutionnalité sur l'indépendance des pouvoirs (législatif, judiciaire) n'allait pas interrompre audition, vérifications de l'authenticité des documents produits, &c.

Il reste donc un faible espoir mettant du baume au cœur de la base sarkozyste. Parce que, de fait, les explications de François Fillon sont dans la ligne de l'analyse du contributeur extérieur à Mediapart, Régis Desmarais, que le site Fillon2017 a repris. Même se transformant en passe-muraille, François Fillon ne peut dissimuler avidité, cynisme, et morgue, ce que lui reprochent les sarkozystes.