Macron est le maître des horloges et du temps. Il avait dit, il tient parole et toute son action vise à décomposer de manière forte le paysage politique français. L’élection de Macron permet d’enjamber les méthodes, l’organisation et le logiciel idéologique des partis traditionnels. Le Parti Socialiste a disparu depuis la fin de l'élection présidentielle. Un de ses mentors, à savoir Valls, a été humilié par l’équipe de Macron en refusant sa candidature au sein de la majorité présidentielle. Le Parti Socialiste l'a encore enfoncé en l’humiliant de façon claire alors qu’il a été premier Ministre : pas d’investiture PS et pas de candidat issu de ce mouvement en face de lui.
Valls subit la même humiliation que celle que lui a infligé La République en marche qui n’est que la République d’Emmanuel Macron si on décode l’acronyme LREM. On a eu tort de sous-estimer la jeunesse de Macron: de son élection à sa prise de fonction, il a commis un sans-faute en réintroduisant de la verticalité et de l’autorité présidentielle qui ont largement fait défaut à Sarkozy et à Hollande. Macron et son élection accélèrent la décomposition des vieilles méthodes de fonctionnement et d’organisation des partis traditionnels qui, souvent, sont bâtis autour de l’entre-soi, d’une endogamie politique qui n’acceptent ni les voix dissonantes, ni les postures intellectuelles originales.
Macron a bien fait le constat de l’incapacité des partis politiques traditionnels à faire émerger des stratégies originales qui doivent permettre de sauver la France et les Français du déclin, de la désindustrialisation et du manque d’appétence pour les forces de progrès.
LR en décomposition accélérée
Macron a enfoncé un coin du voile idéologique de LR déjà fissuré après les Primaires et l’entêtement de François Fillon de se présenter à l’élection présidentielle. Macron est un révélateur de sens, il dévoile au grand jour la fracture idéologique au sein des Républicains. Il y a dans ce parti une Droite libérale humaniste représentée par Juppé qui savoure sa vengeance par procuration grâce à la nomination d’Edouard Philippe, Député-Maire du Havre, qui est un de ses Lieutenants les plus fidèles.
L’appel des cent Républicains à répondre à la main tendue par le Président de la République, la contre-attaque des principaux dirigeants de LR plus orientés vers une Droite dure de type Wauquiez, Sens Commun et extrême-Droite montrent la cassure idéologique au sein du mouvement Les Républicains.
Macron oblige Les Républicains à faire leur examen de conscience et à refonder idéologiquement le Parti de Chirac, Juppé et Sarkozy.
Ne pas faire cette refondation idéologique va conduire forcément à une césure idéologique déjà en marche et risque de favoriser des fractures béantes comme au PS.
Macron a déjà réussi une chose : faire exploser en interne Les Républicains qui n’aiment ni la compétence, ni la diversité intellectuelle et des origines en son sein. On fait semblant d’exhiber la diversité comme protocole politique mais, dans les faits, on préfère l’incompétence. Sibeth N’Diaye, conseillère en communication du Président Macron, n’aurait jamais eu une existence fondée sur la compétence au sein de LR. On préfère des fausses démonstrations politiques à la Rama Yade. Il faut le dire car c’est la vérité.
Macron est malin, même si la Droite gagne les élections, Edouard Philippe peut rester Premier Ministre et Les Républicains se trouvent coincés avant même d’avoir concouru aux élections législatives.
Macron est un adepte de majorité de projets. En cas de victoire des LR aux législatives, il y aura un groupe qui travaillera avec Macron, d’où l’appel des cent au sein des LR et un autre groupe qui s’opposera frontalement en attendant 2022.
Macron a tué le PS, même s’il bouge encore.
Macron a tué Valls qui, de façon piteuse, se répand partout en disant que Macron est méchant, tel un petit garçon dans la cour de récréation qui se plaint auprès de la maîtresse. En réalité le méchant, c’est Valls qui a voulu humilier Macron en pleine séance de questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale. Tout le monde se rappelle des injonctions vallsiennes à l’endroit du Président Macron en disant que "ça suffisait maintenant" au moment où celui-ci prenait son envol.
Le PS est en train de mourir. Vive le PS qui va continuer à s’enfoncer en refusant de faire sa refondation idéologique comme le SPD socialiste allemand en 1959 à la conférence de Bad-Godesberg.
Le PS n'a produit aucune pensée originale depuis une dizaine d'années sur la société, les classes populaires et sur la place de la France dans le monde. Le PS est devenu un parti d'élus professionnels dont la plupart ne connaissent pas la vie réelle. L'entre-soi conduit l'isolement vis à vis de la société française.