La Chaîne de télévision américaine CNN a donné un coup de pied dans la fourmilière, réveillant une communauté internationale qui donnait l'impression d'être assoupie devant les enjeux majeurs. Ainsi, dans un reportage qu'elle a réalisé dans cette jungle qui ne mérite même pas d'être appelée micro-Etat, - mais, qui est abusivement qualifiée d’État, - le monde entier a découvert l'ignominie, caractérisée par la vente d'êtres humains en Libye. Les victimes de ce honteux commerce se déclinent en plusieurs catégories sociales, sans que cela n'enlève en cette multiplicité catégorielle, la caractéristique essentielle des suppliciés : le fait qu'ils soient noirs, et viennent d'Afrique au sud du Sahara.
De ce fait, ils sont des hommes, des femmes, des enfants, des femmes enceintes, des jeunes, des adultes, des intellectuels, des illettrés, etc.
On le voit bien, la classification en catégories souffre-douleur montre bien que les vendus sont des êtres humains à part entière, et dans leur condition sociale, ils présentent les mêmes caractères que d'autres êtres humains vivants dans d'autres pays et sur d'autres continents. A la seule différence que les autres êtres humains ne sont pas vendables. Et s'ils ne sont pas vendables, c'est tout d'abord parce que les marqueurs universels le prohibent formellement : le corps humain est indisponible. Ensuite, ils ne sont pas vendables parce que des droits fondamentaux leur sont reconnus en tant que des sujets de droits.
Enfin, ils ne sont pas vendables parce qu'ils ne sont pas noirs. Raisonnement a contrario, le commerce honteux d'êtres humains devient possible en Libye, pays en ce moment vide de connaissances scientifiques sur les droits de l'homme parce que l'homme et la femme noirs sont vendables, surtout en Afrique du nord. Et s'ils sont vendables, c'est parce qu'ils ne sont pas reconnus comme des sujets de droit, et que des droits fondamentaux ne leur sont pas reconnus.
Enfin, l'homme et la femme noirs sont vendables parce qu'ils sont tout simplement noirs. Devant cette situation, il convient de souligner deux choses : d'une part, la Libye ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt, et d'autre part, l'hypocrisie des chefs d’États africains devient insupportable.
La Libye ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt
En Afrique du nord intitulée «Afrique blanche», d'après les témoignages sur le net, il n'est pas rare de voir des gens considérer les noirs comme des esclaves. Ainsi, selon les témoignages, dans ces pays d'Afrique du nord, l'homme et la femme noirs sont désignés par un seul mot prononcé de diverses manières : «Kafr», ou «Kafré» ou «Kafri», c'est-à -dire «esclave». Toujours selon ce qui est propagé sur internet, imbu du complexe de supériorité vis-à-vis du noir, de la Mauritanie au Maroc jusqu'en Algérie et en Libye, chacun vous dirait qu'il n'est pas Africain, mais Arabe. Assertion aussi vraie que le soleil se lève à l'Est et se couche à l'Ouest.
En effet, c'est l'histoire qui le révèle, ces populations d'Afrique du nord ne sont pas des Africains, à part les Berbères (peuples autochtones).
L'histoire nous enseigne que ces populations d'Afrique du nord se qualifiant d'Arabes sont de véritables Arabes venus du golfe arabique pour vivre sur des terres africaines, et ce, entre le VIIème et le VIIIème siècle. De ce fait, ils ne sont pas des Africains, comme eux-mêmes l'affirment à qui veut l'entendre ; et cela n'est pas discutable. Cependant, qu'ils se prennent pour des Arabes et non pour des Africains n'engage qu'eux. Mais, là, où, tout nous interroge, c'est le droit qu'ils s'arrogent de considérer l'homme et la femme noirs comme esclaves depuis la nuit des temps.
Insistons pour le dire tout net : il n'y a pas que la Libye qui persécute le noir. Toute l'Afrique du nord stigmatise et persécute le noir sur son territoire. Avec le silence complice des dirigeants africains bien sûr. Par exemple, depuis toujours, il nous revient avec acuité, dans la presse africaine que les Toubous de la Libye vivent le calvaire. Et que dire des noirs de Mauritanie, du Maroc et d'Algérie ? Toujours selon la presse africaine, il arrive que des étudiants Africains immigrés, en promenade dans les rues, au Maroc, soient lapidés avec des cailloux par des enfants marocains en présence des parents de ces derniers. Des enfants marocains allant jusqu'à crier aux étudiants africains : «nègres, rentrez chez vous !» En cela, il ne s'agit que de ce que Pierre Bourdieu appelle «la reproduction des habitus».
Selon Pierre Bourdieu, «L'habitus est le produit du travail d'inculcation et d'appropriation nécessaire pour que ces produits de l'histoire collective que sont les structures objectives [...]parviennent à se reproduire, sous la forme de dispositions durables, dans tous les organismes (que l'on peut, si l'on veut, appeler individus) durablement soumis aux mêmes conditionnements, donc placés dans les mêmes conditions matérielles d'existences». Vis-à-vis des comportements répréhensibles des enfants marocains à l'égard d'étudiants africains immigrés au Maroc, le grand sociologue des inégalités sociales et des déterminismes sociaux dirait, s'il était là, que leurs actions sont en grande partie influencées par l’héritage que leur a transmis leur entourage familial.
La preuve en est que les parents marocains qui assistent aux humiliations faites aux étudiants noirs par leurs enfants ne reprennent jamais leurs progénitures !
Qu'en est-il des chefs d’État africains ?
Une hypocrisie intolérable des chefs d’État africains
Vont-ils nous dire qu'ils ne sont pas du tout au courant des souffrances infligées à leurs ressortissants dans les pays d'Afrique du nord ? Vont-il nous dire que c'est seulement le reportage de CNN qui les a informés de la situation tragique de leurs concitoyens ?
Vont-ils nous dire que leurs propres politiques publiques dommageables aux populations n'ont rien à voir avec le sort des suppliciés ?
Qui croira un seul moment à leurs émotions empreintes de larmes de crocodiles ?
Leur indignation est-elle crédible ? Leur consternation est-elle sérieuse ?
Qu'ont-ils fait pour éviter de mettre sur les routes de l'immigration clandestine et de l'esclavage leurs ressortissants ? Et les ambassadeurs de nos pays présents dans les pays de l'Afrique du nord ? Peuvent-ils nous faire croire qu'ils ignorent tout des traitements inhumains et dégradants subis par leurs compatriotes dans ces pays ?
Bref, nos chefs d’État africains oublient une chose : c'est que dans l'histoire, l'esclavage des noirs débute toujours par le petit peuple pour atteindre la haute hiérarchie sociale. C'est ainsi que des chefs et des rois africains se sont retrouvés déportés au Brésil et ailleurs en Amérique. Autant dire que chefs d'Etat africains, vu comme les choses sont parties, vous non plus, vous n'êtes pas à l'abri.