Mon article précédent portait sur la possibilité d'un retour de la monarchie comme alternative à une Vème République à bout de souffle, et de plus en plus désavouée par son peuple. J'ai été étonné de recevoir un certain nombre de réactions positives concernant ce possible retour de la royauté. Cependant, cette alternative soulève la question de la légitimité du futur prétendant au trône.
Légitimistes ou orléanistes ?
C'est là que le bât blesse. Quelle famille serait la plus légitime pour occuper la fonction royale ? Je vais dans un premier temps les présenter, puis je tenterais d'y apporter modestement ma réflexion personnelle sur le sujet.
Il est difficile de définir exactement la date à partir de laquelle la querelle entre les légitimistes et les orléanistes remonte, car elle est à la base de deux conceptions antinomiques de la royauté : traditionnelle (légitimiste) et libérale (orléaniste). La réelle scission entre ces deux parties a été déclenchée lors de la Révolution française, période à laquelle Philippe d'Orléans, frère de Louis XVI (rappelons que le titre de Duc d'Orléans était directement attribué au frère cadet du roi), a participé activement à la déchéance du roi ainsi qu'à sa décapitation en siégeant à la Convention en tant que député sous le nom de Philippe-Egalité. Ses multiples trahisons et manigances ont été perpétrées dans le seul but d'évincer Louis XVI en espérant prendre sa place.
Cependant, notre débat se situe plus au niveau de l'héritage et du lignage. Les légitimistes mettent en avant les lois fondamentales, selon lesquelles "la couronne est dévolue à l’infini à l’aîné de la branche collatérale la plus proche (qui devient la nouvelle branche ainée)". Autrement dit, Louis XX, duc d'Anjou, ou autrement appelé Louis de Bourbon, étant issu de la branche ainée des Bourbons (descendants d'Henry IV), est l'héritier de la couronne royale.
Ces lois indiquent également que "la succession royale n’est pas patrimoniale et héréditaire, mais «statutaire ». Le statut coutumier du Royaume est hors de portée des volontés humaines, celle du Roy comme de son héritier ou de tout successible". Ce passage est important, car il remet en cause un des principaux arguments des orléanistes estimant que la couronne devrait leur revenir.
En 1873, le comte de Paris s'est rendu à Frohsdorf et a fait acte d’allégeance au comte de Chambord, petit-fils de Charles X, donc issue de la branche ainée des Bourbons : "Je viens en mon nom et au nom de tous les membres de ma famille, vous présenter mes respectueux hommages, non seulement comme au chef de notre maison, mais comme au représentant du principe monarchique de la France". A la mort du comte de Chambord en 1883, les Orléans se sont appuyés sur les déclarations de ce dernier pour authentifier leur légitimité au trône : « Sachez que, moi mort, M. le comte de Paris, eût-il méconnu l’héritage, est quand même l’héritier. La légitimité l’enserrera et il sera aussi légitime que moi. ».
L'ennui dans cette affaire est qu'aucun document officiel n'atteste de ces dires, rendant cette déclaration nulle et non avenue. La comtesse de Chambord s’est par ailleurs opposée publiquement à la succession du Comte de Paris. Autre argument avancé par les orléanistes, Louis XX ne serait pas légitime, car, vivant en Espagne, il serait plus espagnol que français. Ce que Louis XX a récusé, car il possède la double nationalité franco-espagnole.
Après ce bref aperçu, où j'ai présenté les points de divergence principaux, je vais me permettre d'émettre mon opinion, aussi utile soit-elle. Je pense qu'il serait une erreur, s'il existe la moindre chance de rétablir la monarchie, de placer les Orléans sur le trône de France.
Si on veut instaurer un changement de régime, ce qui serait la raison du retour d'un roi, il ne pourra se faire avec la branche des Orléans qui ont une vision libérale de la société. Ce qui ne changerait rien par rapport à la Vème République. Le fait d'instaurer un descendant de la branche ainée des Bourbons serait en revanche une réelle alternative à une République agonisante, car il serait le représentant des traditions ancestrales. Ce qui, à notre époque où l'on ne cesse de glorifier les temps anciens, serait bien plus rassurant et sécurisant dans l'inconscient collectif. Il serait également considéré comme le garant de l'identité française, dont les médias ne cessent de mettre en avant la grande confusion des Français concernant ce sujet.
Cette brève conclusion mérite bien entendu d'être plus amplement traitée, ce que je ne peux pas faire pour un article qui se doit d'être bref et concis. J'espère en tout cas que ce sujet attirera votre curiosité et vous incitera au débat.