Arnaud Beltrame n’est pas mort pour rien. Le conseil de défense restreint présidé par Emmanuel Macron, vient de décider l’hommage national, surement aux Invalides, pour ce héro de la nation à qui Gérard Collomb, Ministre de l’Intérieur, a rendu un vibrant hommage. « Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice, le cœur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de l’Aude. »

Beltrame a donné sa vie pour sauver une citoyenne de la république. C’est un acte de bravoure qui va au-delà du simple courage du Lieutenant et qui installe dans la République un espace de production du droit au service de la Démocratie.

En affrontant de manière volontaire (car otage de Radouane Lakdim), Beltrame montre à ses concitoyens que chaque individu doit être capable de s’opposer à la barbarie, en dénonçant les actes violents du terrorisme, en refusant de se taire ou en faisant partie des armes de la République (GIGN, RAID, Armée, Police, Gendarmerie, CRS).

Beltrame, producteur de droits démocratiques par sa mort, nous invite à plus de vigilance

L’acte du Lieutenant-Colonel montre que les principes de la République Française (Liberté, Egalité, Fraternité) en démocratie, doivent être intégrés par tous. Aucun territoire de la République ne doit être considéré comme perdu. La République doit être présente partout chez elle, ce qui implique un maillage des territoires par les forces de l’ordre.

Les hommes politiques ne doivent pas se contenter d’énoncer les principes liés à la lutte contre le terrorisme mais passer réellement aux actes. Beaucoup de choses ont été faites, le maillage territorial, le travail commun du GIGN, RAID et des services de renseignements sont une réalité. La création de la Taskforce à l’Elysée est une nouvelle donne mais ceci reste insuffisant.

Il faut augmenter les effectifs des forces de l’ordre sur le terrain en établissant un partage efficient entre ceux qui doivent être au front, ceux qui sont en situation de Drill (entrainement) et ceux qui sont en situation de réserve, prêts à intervenir. La lutte contre le terrorisme nécessite une « revisitation » du logiciel mental des politiques et de nos concitoyens.

La chute militaire exogène de Daesh au Moyen-Orient a réactivé la menace endogène de l’islamisme politique et salafiste en France, mais aussi en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne et dans les pays nordiques.

Comment prévenir les attentats du terrorisme islamiste, salafiste et endogène

Evidemment, on ne peut pas mettre une force de l’ordre derrière chaque citoyen. C’est impossible et impensable au niveau des libertés. En revanche, les choses sont claires, l’attentat récent contre le supermarché U montre que la France est entrée dans une ère du terrorisme low-cost et unipersonnel. Chaque salafiste illuminé, nourri à la gangue mortifère de Daesh, pense qu’il peut passer à l‘acte pour peu qu’il possède une logistique minimale (couteau, revolver ou voiture).

Ce low-cost du terrorisme peut être dangereux pour la cohésion nationale car certains esprits, non renseignés sur les religions, surtout musulmanes, peuvent stigmatiser les musulmans de France comme étant des terroristes, alors que, dans la réalité, la plupart de nos compatriotes musulmans, n’ont rien à voir avec l’Islam politique et salafiste.

Pour prévenir le terrorisme, la seule réponse du monopole de la violence légitime de l’Etat, au sens du sociologue allemand, Max Weber, n’est pas suffisante. Il y a des questions qui restent posées. Comment des enfants nés en France s’en prennent-ils à leur pays ? Pourquoi certains quartiers et territoires ont été délaissés par l’Etat ? Pourquoi certains enfants français de phénotypes différents (même diplômés) se sentent en marge des cadres intégrateurs de la République (entreprises) du fait de la discrimination ?

Ces enfants pensent, à tort ou à raison, que la voie de la violence est une solution à leur problème. Il ne s’agit pas ici d’établir une théorie de la justification et encore moins de la victimisation mais d’essayer de mettre sur la table le maximum de problèmes, de frustrations qui permettent de regarder le problème du terrorisme et de la violence au fond.

Condoléances aux familles du Lieutenant-Colonel Beltrame et des trois autres morts, soutien et espoir pour les 16 autres personnes blessées. Le Lieutenant-Colonel est mort pour la République, il doit avoir des funérailles nationales aux Invalides, être nommé au grade de Général de la Gendarmerie, recevoir la Légion d’honneur, avoir une stèle en son nom pour services rendus à la Nation tout entière. Merci Colonel, vous avez créé un nouveau aspect du droit: l'ingérence individuelle.