Dynamiteur comme le montrera ce soir (12 avril) à 22h30 le reportage diffusé sur LCI, écrit et réalisé par David Doukhan et produit par la société de David Pujadas. Macron est resté droit dans ses bottes et convainquant au cours du 13h00 de TF1 de Pernaut. Le professeur d'économie et de sciences politiques que je suis donne la note de 15/20 à l'"élève" Macron d'un jour, à l'aise comme d'habitude devant les caméras. Bien sûr, Macron n'est pas mon élève mais bien mon Président. Il y a lieu de reconnaître que dans le fond et la forme, il a été très bon.

Dans le forme 10/10 et dans le fond 05/10, ce qui veut dire qu'il est tout juste à la moyenne dans le fond et qu'il lui reste à faire des efforts pour expliquer sa politique sociale réformiste, très peu comprise par nos citoyens. Pour Macron, le partage des fruits de la croissance, c’est-à-dire sa redistribution à tous les Français, dépend d'abord de la valorisation de la croissance économique. Il a fait des choix économiques qu'il ne regrette pas, comme exonérer les plus riches d'une fiscalité trop pesante pour que ceux-ci créent des entreprises et investissent en France. En parlant des plus fortunés de nos concitoyens, Macron a substitué la théorie de la confiance à celle du ruissellement en faisant un pari selon lequel la suppression de l'impôt sur la fortune va favoriser l'investissement en France.

Il faudra attendre un ou deux ans pour savoir si le pari est gagné ou non. Pour Macron, l'exercice sur TF1 était plus formel que fondamental, il a réussi son exercice pédagogique, il a été très bon, il faut le dire. Il le redit lui-même: je fais ce que j'ai dit. Nous sommes là dans le Macronisme intégral, que lui seul assume et sait mettre en évidence car la plupart de ses Ministres politiquement sont largués alors que, techniquement ils ont été présentés comme très bons.

Macron tient le cap: libérer, protéger et unir les Français autour des réformes et de la transformation de la France

Macron est informé des difficultés sociales que rencontre la France en ce moment: SNCF, Universités, EPHAD, Magistrats et avocats, Air France. Pour la SNCF, il ira jusqu'au bout de la réforme, quoiqu'il lui en coûte au plan politique.

Il a raison car il dit que depuis trente ans aucune réforme d'importance significative n'a été faite concernant la SNCF. Concernant les Universités, Macron est clair, les agitateurs de désordre ne gagneront pas, c'est l'Etat de droit qui sera triomphant et les examens auront bien lieu. Au total, Macron reste droit dans ses bottes à la manière d'un Juppé, mais en y introduisant un peu de rondeur empathique car il dit comprendre la colère d'une partie de la population et il estime, sans le dire, que la pédagogie gouvernementale est relativement faible en direction de ceux de nos compatriotes qui n'ont pas voté pour lui. Macron a essayé de remédier à la communication jupitérienne qui était la sienne en début de mandat et, sans reculer, il a fait quelques annonces sur le fond concernant la SNCF: une reprise progressive de la dette de la SNCF par l'Etat.

Mais, comme je m'intéresse à l'économie, je constate que le Président ne dit mot sur l'investissement et qu'il n'y a pas lieu de confondre la dette et l'investissement. Au niveau des entreprises, Macron estime que la richesse de l'entreprise doit être redistribuée entre actionnaires et salariés et la question de la participation des salariés aux fruits de la croissance de l'entreprise est de nouveau posée.

Macron est à lui-seul le Président, le Gouvernement et le mouvement LREM

Pour Macron, le monde va trop vite et il faut réformer la France qui reste quasiment figée depuis une trentaine d'années. C'est à croire que les autres Présidents depuis Mitterrand jusqu'à lui-même n'ont rien fait, ce qui est faux car Mitterrand, on l'aime, on ne l'aime pas, a changé le paysage audiovisuel français dont Macron a bénéficié pour sa campagne électorale.

Macron a remercié les retraités: ils font des efforts au nom du principe de solidarité avec les actifs. Néanmoins, la communication actuelle du Président montre qu'il n'y a pas de poids lourd politique dans son gouvernement. Le Premier Ministre est intelligent mais reste fade politiquement. Concernant LREM, Castaner est intelligent mais on l'entend de moins en moins. Grivaux est perspicace mais ses comptes-rendus ne portent pas. Quant à Ferrand, le Président du groupe LREM à l'Assemblée, il est aux abonnés absents et LREM ne sait pas s'il doit se structurer en réel parti ou rester au gré des vents heureux et porteurs un simple mouvement politique. Face à aux nouvelles échéances (élections européennes en 2019, municipales en 2020), LREM adopte la méthode Macron qui a fait son succès: le consensus citoyen grâce aux remarques des Français. Cette méthode sera-t-elle suffisante ?