La France, a ceci de merveilleux : les débats sont libres, ainsi que l’expression écrite, même si récemment certains individus, appartenant à la communauté turque et pro Président Erdogan, ont menacé de brûler un kiosque dans le Vaucluse qui affichait une « une » du Point concernant le Président turc Erdogan : « le Dictateur ». La presse est libre en France, comme le sont toutes les expressions orales à condition qu’elles ne mettent pas en danger la sécurité intérieure de l’Etat. Certaines notions dans notre démocratie médiatique peuvent avoir la vie dure une fois la parole prononcée.

C’est le cas de la notion de « mâle blanc » utilisée par le Président Macron à l’Elysée au cours du discours sur les banlieues. Les deux mâles blancs étaient Borloo et lui. Les médias français et les intellectuels bien pensants se sont saisis de cette notion pour dire que nos compatriotes blancs étaient et devenaient disqualifiés pour parler de la banlieue car ils n’y vivaient pas. On est loin de la pensée complexe du Président qui appelle un chat, un chat et qui évite les contours intellectuels et pseudo-médiatiques de certains de nos compatriotes français et des politiciens comme ceux du parti socialiste qui ont toujours parlé au nom de la diversité tout en la laissant en bas de l’échelle.

On a accusé Macron de favoriser le communautarisme. Apolline de Malherbe, sans le dire de façon claire, l’a laissé entendre dans son émission de ce dimanche 27 mai en recevant l’humoriste le nouveau nommé au conseil présidentiel de la ville, le franco-marocain Yassine Bellatar.

Apolline de Malherbe est-elle restée fermée aux analyses de Belattar, par ruse ou par stratégie ?

Sur le plateau de BFM, avec Neumann et Brunet, Apolline de Malherbe a demandé à Belattar ce qu’il pensait de la phrase présidentielle, du voile portée par la responsable de l’UNEF, et de la signature par 300 imams d’un appel contre l’antisémitisme.

Sur ces trois points, les réponses de Belattar étaient claires; les questions d’Apolline de Malherbe l’étaient beaucoup moins, elles étaient confuses en souhaitant vouloir autre chose que les réponses données. Sans remettre en cause les questions posées, on peut penser qu’il y a une insuffisance culturelle sur certains points comme la confusion entre le monde arabe et le monde perse à propos de l’influence que l’Iran perse aurait eu en 1979 sur la diffusion du port du voile dans le monde maghrébin aujourd’hui. Madame de Malherbe doit savoir qu’aujourd’hui le monde perse chiite s’oppose au monde sunnite majoritaire dans le Maghreb, même si au plan sociétal il y a des rapprochements. La présence de Belattar a mis mal aise Neumann et de Malherbe alors que Eric Brunet, par sa distance critique habituelle, a essayé de recadrer le débat dans sa dimension historique.

La position de Malherbe est celle de la plupart de nos compatriotes qui, sans être membres du Parti Socialiste, ont toujours considéré qu’il n’y avait pas de problème lié à la race, à la couleur de la peau, pour notre part au phénotype. Il ne faut pas mettre la tête sous le sable et jouer les autruches. Il y a bien un problème en France entre la mère-patrie et ses populations originaires de son ancien empire. On demande à ces populations l'assimilation, d’accepter leur sort et de rester en bas de l’échelle même diplômées.

Macron déstructure la citadelle bien pensante des journalistes et des politiques à propos des banlieues

On fait un procès inutile à Macron qui dit exactement ce que la majeure partie de nos concitoyens et journalistes pensent.

On veut aussi, de façon très subtile, soit piéger les sachants issus de la diversité comme Belattar, soit les obliger à dénoncer leurs origines au nom de la francité. Sur certains plateaux de télévision, la méthode est subtile mais Belattar a réussi à échapper au piège de BFM TV. La question de l’islam est au cœur de la société française. A la différence du judaïsme et du christianisme qui valorisent le moi individuel, l’islam valorise le nous/je, le je étant valorisé dans la modernité. Nous sommes au cœur d’un malentendu lorsqu’on veut créer un islam à la française, ce qui n’a pas beaucoup de sens, et lorsque l’on souhaite que l’islam poursuive la même trajectoire religieuse dans la doctrine et dans la séparation de l’espace privé et public comme le font les religions juives et chrétiennes.

La responsable de l’UNEF du fait du port de son voile, pose problème à certains journalistes et à certains citoyens alors qu’elle a été démocratiquement élue par ses pairs; que ceux qui pensent le contraire saisissent les tribunaux qui doivent dire le droit. La société française n’est pas sortie de l’auberge avec ces nombreux débats sur la citoyenneté, la civilité, le vivre-ensemble et, pour certains, le vivre à part. Vive la diversité sur BFM TV!