Avant son entrée au gouvernement, Monsieur Hulot était un politique appartenant à la société civile. Il est connu pour ses batailles homériques pour la préservation de l’environnement et aujourd’hui il est ministre de la transition écologique. Hulot, c’est aussi le journaliste de renom qui nous a fait connaître les fonds marins grâce à son émission Ushuaia et qui nous permis de prendre conscience de la nécessité de préserver l’environnement et l’écosystème. Hulot a longtemps joué les divas quand il a été sollicité pour entrer dans les nombreux gouvernements de Jacques Chirac à François Hollande.
Quelle mouche a donc piqué Hulot d'accepter l’offre politique de Macron, lui qui a longtemps alerté la classe politique de la nécessité d’intégrer l’environnement pour favoriser le développement durable. Lors d’une émission sur BFM TV avec Jean-Jacques Bourdin, Monsieur Hulot se donne jusqu’à l’été pour faire un bilan de sa présence au gouvernement. La présence de Hulot aux affaires est dominée par des déclarations tonitruantes sur la neutralité carbone en 2050, sur le plan de rénovation énergétique et sur la nécessité de faire respecter la directive de Bruxelles sur la qualité de l’air.
Hulot est confronté à la brutalité du management de la société politique
Dans la société politique, les rôles sont définis entre le Président (Macron) qui préside, c'est-à-dire qui définit le cap et la stratégie, et le Premier ministre (Edouard Philippe) qui gouverne avec ses ministres, c'est-à-dire qui exécute les choix édictés par le Président de la République.
Hulot, dans la société civile, était libre et avait son propre agenda En acceptant de devenir ministre il a implicitement accepté la violence secrétée par la société politique et par la cohésion gouvernementale. Concernant le projet Notre Dame des Landes, il n’est apparu que sur la fin, laissant au Premier ministre le pilotage de la situation.
On peut lui reconnaître une victoire certaine concernant la loi interdisant la production des hydrocarbures et particulièrement celle concernant le gaz de schiste (ou gaz de roche-mère). Il a aussi bataillé avec quelques succès concernant l’utilisation du glyphosate, il a réussi contre le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, à interdire l’utilisation de pesticides.
Hulot, fidèle à lui-même, a fait des annonces importantes, dont celle qui constituerait à mettre fin à la vente des voitures diesel et essence à l’horizon 2040. C’est un engagement ambitieux mais il faudra compter avec les lobbies de l’industrie du pétrole. Concernant la réduction de l’énergie nucléaire à hauteur de 50% dans la production de l’électricité d’ici à 2025 (comme le fixe la loi de transition énergétique de 2015), il reconnait lui-même que ce n’est pas possible, ce qui a eu l’heur de mécontenter ses amis écologiques et surtout les Verts (de ce qui l'en reste sur l'échiquier politique, largement éclaté par l'avènement d'Emmanuel Macron).
Que reste-t-il à faire à Hulot avant sa décision de l’été ?
On attendait que Hulot soit le porte-étendard de Macron dans le domaine de l’écologie. Force est de constater que le Président Macron n’a pas de politique écologique. L’environnement, le développement durable, les accords de Paris constituent plus des prolégomènes de débat que des actions concrètes sur le terrain. Hulot aurait dû remplir ce vide de politique écologique de Macron, or rien de tel. Il se contente de grandes déclarations sur des mobilités dont la future loi sera surement pilotée par la ministre des transports Elisabeth Borne. Hulot doit batailler avec le ministre de l’agriculture, Sétphane Travert, pour imposer sa marque sur le projet de loi Agriculture et Alimentation.
Dans ce domaine, le ministre de l’agriculture est plus écouté par le syndicat agricole, la FNSEA, et Hulot est considéré comme n’étant pas le bienvenu par les lobbies industriels en contact avec l’agriculture. Il reste à Hulot sa respectabilité et son aura dans la société française et sa capacité à dire les choses en face. Cette capacité lui sera d’un grand secours pour prendre une décision, partir ou rester ; mais s’il veut être en accord avec lui-même ,sachant que sa marge de manœuvre est restreinte face à Jupiter, il devra partir et devenir plus utile et plus audible au sein de sa fondation.