C’est une incongruité de parler d’élections municipales en 2020 alors que le Président Macron doit construire son projet européen pour 2019. La question migratoire est politique avant d’être démographique et elle vient assombrir le sens qu’Emmanuel Macron souhaite donner à son projet européen. L’existence de l’axe Italie-Autriche-Hongrie montre que l’histoire européenne n’est jamais écrite à l’avance. La montée des populismes en Europe vient contrarier la marche de l’entreprise macroniste car Emmanuel Macron veut faire de sa victoire à l’élection européenne en 2019 un rebond pour la bataille en 2020 pour les municipales.

La question des municipales n’est pas à l’ordre du jour, personne n’en parle mais tout le monde y pense, surtout dans les grandes villes, Paris, Lyon, Marseille ou Nantes, villes dans lesquelles LREM souhaite asseoir son implantation, sachant que dans les territoires le mouvement aura un peu plus de mal. Le Président Macron a compris l’importance de l’implantation de son mouvement, il propose donc à la gauche comme à la droite des accords de partenariat municipaux. A Paris, Anne Hidalgo, contestée, donne l’impression d’être tentée par l’aventure. Pour les Les Républicains et Laurent Wauquiez, c’est une fin de non recevoir au Président Macron car le Président Wauquiez estime que LR est très bien implanté et qu’il n’a pas besoin de ce type d’accord proposé par LREM.

Emmanuel Macron profite de son réformisme social pour construire les nouvelles majorités municipales

Au cours de sa campagne présidentielle le Président Macron a longtemps insisté sur la nécessité de réintroduire la démocratie dans l’espace politique français. La démocratie n’est pas uniquement le droit de vote, c’est son expression basique.

Le Président Macron souhaite aller plus loin: permettre aux individus de se réapproprier le droit fondamental du modèle démocratique qui passe par le droit de participer, de contester, de marcher, même si, dans la réalité, on peut en douter car la présidence jupitérienne est perçue, à tort ou à raison, comme trop verticale, centralisée et réductrice de l’espace individuel.

Si on reprend l’expression du philosophe Baruch Spinoza dans son Traité politique, il estime que, plutôt que de rire, de pleurer ou de se moquer des actions humaines, il faut les comprendre et Macron fait un choix politique articulé autour de ses réformes (marché du travail, SNCF, apprentissage, assurance-chômage, agriculture et alimentation, division des effectifs en CP, parcours’sup, taxe d’habitation, impôt sur la fortune immobilière) pour montrer aux Français qu’il prend des réformes hardies pour construire une autre société. Au fond, le Président Macron dessine un type de société qui s’est traduite par un dégagisme et un bouleversement de l’espace politique français. Cela sera-t-il suffisant pour gagner les élections municipales ?

Rien n’est moins sûr. Les choses sont beaucoup plus compliquées car si LREM continue d’être plébiscitée politiquement par les Français, il y a la montée de vagues de contestations pour les premières décisions prises.

Le cas de l’élection municipale à Paris en 2020

Paradoxalement, LREM refuse de devenir un parti normal et veut rester un simple mouvement; ce qui peut susciter cacophonie et tangage, certains marcheurs s’estimant inutiles dans la construction du mouvement, en dépit ou malgré les promesses de son créateur pour la promotion de la vitalité démocratique. Dans ce contexte comment éventuellement lire la bataille de Paris en 2020 ? Anne Hidalgo, l’actuelle maire, qui n’a pas de surface nationale, estime qu’elle n’a pas encore perdue et qu’elle est prête, en fonction de la météo politique en 2020, à établir des alliances soit avec LREM, soit avec LR avec un objectif: rester aux affaires.

La victoire de LREM aux municipales à Paris dépendra de sa capacité à gagner dans la plupart des arrondissements parisiens qui restent encore sous la férule PS et LR. Rien n’interdit une alliance de second ordre entre PS et LR pour barrer la route à LREM dans la capitale. Une partie de cette stratégie va dépendre des enjeux politiques, des réformes fiscales locales en cours, aussi bien dans les communes et les intercommunalités que dans la capacité du gouvernement à expliquer méthodiquement la modification de la fiscalité locale. La disparition progressive de la taxe d'habitation pour tous est un élément nécessaire mais insuffisant. On attend avec intérêt la stratégie future de LREM pour la bataille de Paris.

Anne Hidalgo le sait; critiquée pour la circulation et la saleté de la ville, elle souhaite replacer la vie dans la capitale dans un contexte de prise en compte des questions écologiques et environnementales.