Le monde et l'Europe ont beaucoup de mal à saisir et à expliquer rationnellement les revirements diplomatiques de Donald Trump. Pour comprendre la signification irrationnelle de ce comportement, certains spécialistes des questions internationales recommandent de lire le seul livre que Trump ait écrit, à savoir « The art of the deal » (l’art de la négociation). Dans cet ouvrage, Donald Trump campe l’attitude de l’agent immobilier, de l’homme d’affaire qui doit, pour gagner, imposer la solution impossible à tenir pour l’autre partie. La diplomatie européenne est faite de discours, de grandes messes en termes de négociation, pour aboutir à des résultats qui favorisent la valorisation de tous, mais en privilégiant les plus forts.

Donald Trump rompt avec cette manière hypocrite de faire des affaires, en privilégiant la position américaine qui est la première puissance économique du monde.

Que nous dit l’attitude de Trump ? Après avoir promis la signature du communiqué final, il opère un virage à 180° aux motifs que le premier Ministre canadien, Justin Trudeau, aurait tenu des paroles blessantes et mal venues pour stigmatiser le comportement de Donald Trump. Celui-ci a quitté volontairement la réunion car il s’y traitait des questions relatives au climat et au développement multilatéral. Il a pris le prétexte de sa rencontre avec Kim Jong Un de la Corée du Nord le 12 juin à Singapour, pour déserter et donc ne pas signer le communiqué final.

C’est dans Force One 1, l’avion présidentiel en partance pour Singapour, qu’il a intimé l’ordre aux représentants américains de ne pas reconnaître le communiqué final.

Quelle est la philosophie économique et commerciale de Donald Trump ?

Depuis une décennie, un débat a cours au plan mondial sur les avantages et les inconvénients du multilatéralisme contre le protectionnisme.

Au nom des bienfaits du multilatéralisme économique, on a favorisé, il y a une vingtaine d’année, l’entrée de la Chine au sein de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en espérant que la Chine cesserait ses pratiques de dumping commercial en adoptant les mêmes règles commerciales du multilatéralisme. Dans les faits, la Chine a accepté tout en protégeant son marché.

Cette façon de faire a été implicitement reconnue par l’Europe mais pas par les Etats Unis de Donald Trump. Avant d’être élu, il avait promis aux électeurs européens de reconsidérer les pratiques commerciales de la Chine et de l’Europe vis à vis des Etats Unis. Alors que des voix s’élevaient dans le monde pour un protectionnisme patriotique, Trump impose à ses partenaires un protectionnisme d’un type nouveau : l’unilatéralisme économique qui n’est pas l’isolationnisme. Donald Trump ne s’isole pas derrière la forteresse américaine en étant coupé du reste du monde, il développe au contraire une pratique politico-économique qui valorise d’abord les objectifs des populations américaines en matière d’emploi, de bien-être et de protection des industries américaines.

D’ailleurs, le taux de chômage de l’ordre de 3,8 % aux Etats Unis, tend à prouver que sur ce versant Donald Trump a peut-être raison.

L’unilatéralisme : nouvelles règles diplomatiques et économiques de Donald Trump vis à vis du reste du monde

Donald Trump impose au reste du monde une vision unipersonnelle, si on file la métaphore juridique de la constitution d’une entreprise en France où la seule personne existante est le dirigeant créateur. A la manière d’un auto-entrepreneur, Donald Trump impose une vision du monde au sein de laquelle les rapports de force dominent avant la négociation. C’est parce que l’on est fort que l’on peut négocier et non l’inverse. Les Chinois l’ont bien compris et cherchent à établir des deals commerciaux avec les Etats Unis pour éviter des droits de douane excessifs contre leurs produits exportés vers les Etats Unis.

L’Europe essaie, comme elle peut, de jouer la solidarité, mais sur certains aspects, comme le commerce des armes, les Polonais préfèrent acheter les F16 américains en lieu et place des Rafales français. Sur les questions qui ne sont pas commerciales, comme celles liées à la lutte contre l’immigration, les Polonais, les Hongrois sont sur la même ligne que les Etats Unis et contre l’Europe. Emmanuel Macron, avec dépit, a le sentiment de s’être fait avoir par Donald Trump qui poursuit sa stratégie diplomatique et commerciale : les Etats Unis d’abord et le reste du mode ensuite. Dans cet attelage, les Etats Unis n’ont rien à faire des atermoiements et des coups de menton du reste du monde. Pour Donald Trump, la gouvernance américaine sous Barack Obama était trop multilatérale, contre les intérêts américains. Lui, Donald Trump, introduit l’unilatéralisme pour la défense des intérêts américains.