Le remaniement est attendu avec gourmandise en France. Le PS (Parti socialiste) est en déconfiture, la gauche manque de point de repère, LR (Les républicains) essaie de revenir au centre du jeu politique avec un programme concernant les dépenses publiques. Les Insoumis de Mélenchon se cherchent, même s’ils ont reçu le renfort de Maurel du PS. Le rassemblement national de Marine Le Pen est confronté à des problèmes judiciaires. Pour le Président Emmanuel Macron, c’est un boulevard qui doit lui permettre de s’assumer au centre-droit et de laisser au bord de la route le fameux en même temps qui politiquement devient illisible.

Le Président doit marquer son ancrage politique au centre-droit qui doit devenir le pôle de la réalité du pouvoir politique en France, ce qui permettra une clarification.

Macron et LREM doivent assumer leur positionnement au centre-droit

Le Président Macron a profité de la faiblesse des partis politiques traditionnels et du désaveu de ceux-ci par les Français pour gagner l’élection présidentielle. Il a mis sur orbite le fameux en même temps, c'est-à-dire la droite et la gauche, pour rassembler les Français. Pour gérer le pouvoir, le « en même tems » devient la marque qui identifie les souliers de plomb qui collent aux pieds du macronisme. Il faut faire des choix et la lenteur actuelle concernant le remaniement tend à montrer que la Président de la République a du mal à ancrer sa politique au centre-droit en continuant de croire qu’il faut faire une différence entre les appareils politiques de gauche comme le PS et leurs électeurs.

Même si électoralement le marqueur idéologique droite-gauche reste très fort en France, les électeurs de gauche voient le monde qui change et ils s’adaptent à celui-ci. Ils modifient leur perception du monde et donc de la gestion des affaires nationales en évoluant vers un consensus centriste, certes marqué à gauche pour l’instant, mais qui peut évoluer vers le centre-droit.

Le centre-droit rendra plus lisible la gestion du pouvoir par le macronisme

Les atermoiements du Président Macron qu’il traduit comme le temps nécessaire pour choisir les hommes, ajoutent de la difficulté pour la lisibilité du programme politique du Président, même si le cap concernant les principales réformes futures (retraites, constitution, etc) reste dans les tuyaux et démontre que le Président ira jusqu’au bout de celles-ci.

Le Président de la République s’oppose de façon subtile à son premier ministre à propos du remaniement car l’Elysée souhaite respecter les équilibres de sensibilité et le dosage gauche-droite. Il faut laisser la gauche à sa déconfiture et organiser l’ancrage d’un macronisme de combat autour du centre-droit. Il s’agit donc de faire de la place aux alliés du Modem mais aussi à ceux de l’UDI, qui, par définition, sont pro-européens et prêts à aider le Président de la République dans son combat européen. Le quasi-ralliement des Juppéistes dont l’un des édiles, Edouard Philippe, premier ministre, permet de constituer une vaste coalition de centre-droit pour la gouvernance quotidienne de la France avant les élections européennes et après celles-ci pour le combat pour les municipales.

Le Président adoptera-t-il le positionnement au centre-droit ? Ou voudra-t-il ménager la chèvre et le chou en continuant le fameux en même temps, c'est à dire droite et gauche, ce qui à l'heur de rendre gribouille sa politique, malgré les deux plans (hôpital et pauvreté) qui n'ont pas eu beaucoup d'écho au sein du public en raison d'un déficit pédagogique d'explication. Il reste au Président Macron de prendre son temps pour faire un remaniement dont les ministres resteront longtemps aux affaires et devront travailler techniquement et politiquement pour une politique claire tournée vers le centre-droit. Cette préconisation sera-t-elle suivie par le Président de la République ? Lui-seul reste le maître des horloges.