Les végétariens, végétaliens et végans sont chaque jour plus nombreux à embrasser la voie d'un monde sans viande ni produits d'origine animale, que ce soit pour défendre la cause animale, celle de l'environnement, ou pour des raisons de santé. Pourtant, ils sont régulièrement l'objet des foudres de ceux que l'on nomme "les végéphobes".

La végéphobie, c'est quoi ?

La végéphobie, c'est l'aversion qu'ont les omnivores envers toutes les personnes qui ont fait le choix de ne plus consommer ni viande ni poissons, et pour certains plus aucun produit d'origine animale (lait, œuf, miel).Le terme a été inventé en 2001, et c'est pour lutter contre ce fléau qu'a été organisée la première veggie-pride parisienne.

Cela se traduit par des remarques à l'humour ravageur et inédit (comme la fabuleuse légende du cri de souffrance de la carotte … qui n'était déjà pas drôle les 63 premières fois où on l'a entendue), ou des petits surnoms affectueux (mangeurs de graines ou suceurs de cailloux pour ne citer que les plus populaires).

Même si aujourd'hui il est de mieux en mieux accepté que l'on puisse avoir envie de manger différemment et plus intelligemment, il y a quelques années encore, il fallait presque se cacher pour ne pas être stigmatisé ! Insultes, coups, dégradations étaient le lot commun des pionniers du mouvement, il y a maintenant plus de 15 ans.

D'où vient cette peur de l'autre ?

Selon la philosophe Carol Adams, «beaucoup de gens trouvent les végétariens menaçants parce qu’une part d’eux-mêmes voudrait éviter la chair des Animaux pour plusieurs raisons, mais une autre part ne veut pas arrêter de manger de la viande».

On se retrouve face à des gens qui ont bien conscience de la faiblesse de leur sens moral : comment justifier que l'on inflige autant de souffrance à des êtres vivants pour son seul plaisir gustatif, ou par " tradition" ?

Pire, nombreux sont ceux qui disent "aimer les animaux", qui choient leur chien ou leur chat avec l'amour d'un parent … le tout attablé devant une côte de porc ou un filet de saumon !

Vivre avec cette dissonance cognitive doit être très inconfortable. Les omnivores tentent de se protéger en se persuadant que c'est forcément les autres qui ont tort plutôt que de reconnaître leurs propres fautes ou pire … de devoir changer !

La communauté des "mangeurs de légumes" étant encore une minorité, il est bien plus simple de les catégoriser comme de dangereux extrémistes plutôt que de remettre ses propres choix en question.

La récente actualité de quelques personnes se revendiquant veganes et ayant fait parler d'elle en saccageant des vitrines de boucheries et autres commerces de bouches n'a certainement pas plaidé en faveur du mouvement au yeux du grand public … Il ne faut cependant pas perdre de vue que ces actes n'ont été le fruit que d'une minorité de personnes, les valeurs du mouvement tendant au contraire vers le pacifisme et le bien-vivre ensemble.