Durant les festivités de Noël, et à l’occasion de son message urbi et orbi, le Pape François a exprimé ses inquiétudes au sujet du consumérisme en pleine recrudescence dans le monde entier.

D’abord, une définition du mot « consumérisme ». Au sens sociologique du terme, le consumérisme se définit comme un « mode de vie lié à la consommation ». Économiquement parlant, le consumérisme est une notion selon laquelle l'augmentation de la consommation des biens représente un bénéfice économique.

En exprimant ses réserves vis-à-vis du consumérisme dans son homélie de Noël dernier, le souverain pontife mettait ainsi en garde, une société de consommation de plus en plus dépensière, incontrôlable, addict au gaspillage et victime de la fièvre acheteuse.

De ce fait même, la mise en garde du Saint Père est unanimement partagée car le consumérisme atteint des proportions inquiétantes. Et ce, malgré les appels des autorités contre le gaspillage et la mobilisation des acteurs de santé publique pour la protection de l’environnement et le développement durable. La société de consommation est sourde à toutes les sensibilisations. Elle demeure intraitable ; elle dilapide de plus en plus car elle a développé une fièvre acheteuse difficilement répressible. En effet, cette fièvre acheteuse du consommateur du XXIè Siècle est régulièrement alimentée par une publicité aguicheuse. Et comme si tout cela ne suffisait pas, un principe nouveau est né en faveur du consumérisme : celui de l’obsolescence programmée qui met sur le marché, des objets à usages quotidien, conçus expressément pour être détruits dès leurs premiers usages.

Dit autrement, aussitôt achetés, et à peine utilisés, les objets se consument du fait de ces moindres usages, ce qui pousse naturellement le consommateur à leur renouvellement, c’est-à-dire, à de nouveaux achats. Il s’agit d’un réel cercle vicieux. A ce sujet, c’est dans les nouvelles technologies (informatique, téléphonie…) et l’électroménager que le principe de l’obsolescence programmée produit ses effets dévastateurs.

D’où, les grandes surfaces ne désemplissent point ; elles, qui avalent puis crachent, ravalent et recrachent des foules d’acheteurs à longueur de journée. Mais le plus grave, c’est l’insatisfaction du consommateur du XXIè siècle qui, plus il consomme, plus il en demande et redemande. Ce phénomène d’insatisfaction du consommateur consumériste a gagné l’Afrique subsaharienne où, il est amplifié par le mimétisme du monde occidental et par les coutumes locales faites de fêtes dispendieuses.

L’Afrique victime du mimétisme du monde occidental

En Afrique, on peut parier que le Souverain Pontife, en mettant en garde contre le consumérisme prêche dans le désert. Sur ce point, le cœur de l’Africain s’est éloigné de la parole de Dieu. Complètement capturé par un mimétisme de l’occident qui ne dit pas son nom, le coeur de tout Africain a un seul projet : travailler dur pour gagner de l’argent, et le dépenser immédiatement dans les nouvelles technologies et la téléphonie mobile. En effet, c’est grâce aux nouvelles technologies que l’on est connecté au monde entier à travers les réseaux sociaux qui concrétisent le grand rendez-vous du dialogue universel. Et les Africains ne lésinent pas sur les moyens pour participer entièrement à ce rendez-vous du dialogue universel.

De ce fait, un seul Africain peut posséder au moins deux à trois smartphones, sans compter les ordinateurs portables et les tablettes. Mais ce n’est pas tout car le monde occidental ne s’arrête pas qu’aux nouvelles technologies. Il y a aussi les vêtements.

Et c’est pour acheter les vêtements venant du monde occidental qu’en Afrique, les marchés et les boutiques sont pris d’assaut par les clients aux premières lueurs du jour. Les hommes se précipitent vers les costumes, les cravates, les pantalons Jeans et les Sweat sans oublier les souliers, les joggings, les baskets et autres apparats. Quant aux femmes, ce sont les lingeries féminines qui prennent en otage en premier, leurs cœurs. Suivent ensuite les chaussures, les sacs à main, les maquillages, les robes, jupes...etc.

L’atmosphère est fébrile dans les marchés et boutiques où, l’on se bouscule pour décrocher la perle rare. Et quand les marchés et les boutiques ne font pas l’affaire, c’est la ruée vers la friperie. Là aussi, les dépenses sont impitoyables. Et que dire des restaurants et des bars où, les plats et la boisson coûtent les yeux de la tête ? Par ailleurs, oublierait-on les loisirs venant directement du monde occidental ? Voyages, plages, boîtes de nuit...etc. Tout est bon pour se ruiner un peu plus. En effet, tout ce qui compte, c’est de vivre et faire exactement comme dans le monde occidental. Et si ce n’était que ça ! C’est avec désolation que l’on découvre qu’en Afrique, les fêtes et rites traditionnels réservent eux aussi leur part de surprise en matière de consumérisme.

Ces fêtes et rites traditionnels dispendieux qui ruinent l’Afrique

L’organisation fêtes religieuses, qu’elles soient africaines, juives, chrétiennes, musulmanes sont autant de sources de consumérisme et de ruine collective. En effet, à chaque occasion, il faut renouveler sa toilette de la tête aux pieds. La confection de nouveaux habits chez le couturier est en elle-même coûteuse. La concurrence rude qui s’y déploie en vue de se surpasser les uns et les autres vient en rajouter au caractère coûteux de ces fêtes. Mais là où les fêtes africaines présentent une nocivité sociale certaine, c’est lorsqu’il s’agit des cérémonies des rites traditionnels qui nécessitent l’immolation de bœufs et de moutons pour l’organisation des banquets en vue de restaurer les foules qui déferlent.

En Afrique, les cartes d’invitation existent mais elles ne servent pas à grande chose. Entre les invités, leurs propres amis qu’ils invitent eux-mêmes à les accompagner à la fête sans l’autorisation préalable du maître de la fête et les invités surprises qui s’invitent eux-mêmes à la fête, on est très vite débordé et plumé jusqu’aux os. Le mariage, n’en parlons pas.

Le mariage africain nourrit gravement le consumérisme car il constitue un très long processus qui commence par la cérémonie de la dot au village avec des vivres et non-vivres à offrir à la belle-famille. Vient le mariage civil en Mairie avec la robe de la mariée avec les accessoires, et la tenue du marié. L’habillement des enfants d’honneur n’est pas sans représenter un coût !

S’ensuit la cérémonie à l’église et ensuite, les réceptions grandioses qui ont lieu en général un samedi. Suivi de l’assistance au culte ou à la messe du dimanche où, les mariés ont l’obligation de de se parer de nouvelles tenues d’apparat, avec tout le tralala qui va avec.

En Afrique, l’organisation d’un mariage étant devenu budgétivore, certains choisissent tout simplement de se marier tardivement, le temps qu’ils économisent suffisamment pour pouvoir faire face aux dépenses requises.

Véritablement, en Afrique, le Saint Père prêche dans le désert lorsqu’il évoque le consumérisme.