Green Book sur les routes du sud est un film biographique réalisé par Peter Farrelly. Nommé pas moins de 5 fois aux Oscars cette année, le film reprend l'histoire de Tony Lip, agent de sécurité américain d'origine italienne qui sera engagé pour conduire et protéger Dr.Don Shirley, pianiste noir américain lors de sa tournée dans le sud très conservateur des Etats-Unis.

Une excellente première solo pour Farrelly

Ce film marque aussi une première solo pour Peter Farrelly qui réalise ce long métrage sans son frère et qui en plus, est bien accueilli par la critique et notamment celle de Libération.

Un film où sa patte apparaît très inspirée des anciens films de gangsters de Scorsese dès les premières images. Un esthétisme très travaillé autour d'une époque qui fascine encore. Une caméra mobile qui enchaîne les plans remplis de lumières et les plans larges, d'une beauté poétique rare. Et bien que sa réalisation ne soit en aucun cas innovante, elle nous invite peu à peu à rentrer dans une histoire absolument sublime.

On comprendra aussi la nomination aux Oscars pour le meilleur scénario. Car si l'on alterne souvent entre concerts et moments d'interactions entre les personnages, chaque péripétie raconte une histoire, traite d'un détail en particulier qui touche sans jamais nous perdre. Une musique d'ailleurs omniprésente dont on soulignera la diversité et la légèreté.

Les personnages sont extrêmement bien écrits, avec un caractère propre. D'un côté l'artiste Shirley, noir américain dont la réussite ne change rien au regard des blancs du sud, et entraîne dans le même temps un dégoût profond des noirs américains à son égard. De l'autre, un immigré italien, pas très instruit certes mais qui sait affronter les pires situations de la vie.

Un film engagé sur l'émotion

Au final, ce film traite énormément de sujets. Plus l'on s'enfonce dans le sud profond des Etats-Unis, plus le racisme est visible. Toutes les formes de discriminations passent sous notre nez, provoquant dégoût et indignation. Du racisme anti-noir à l'homophobie, au racisme anti immigré italien ou au rejet de certaines classes sociales, chaque personnage aura ses moments de doutes et d'indignation.

Seulement le message du film repose sur autre chose, le courage d'affronter ses erreurs avec dignité.

Toutefois, au-delà de tout ça, il s'agit avant tout d'un voyage initiatique pour les deux hommes. Chacun va découvrir l'autre sous un autre jour et va tenter de comprendre, d'aider l'autre. Du haut de sa réussite, Shirley va apprendre à connaître les plaisir de la vie pendant que Tony va découvrir un monde jusqu'alors inconnu pour lui.

Voilà ce qui fait la beauté de ce film, la découverte d'une amitié sincère, d'un respect mutuel malgré les différences entre ces deux hommes, pas seulement de couleur ou de classe, mais aussi et surtout, de caractère et de valeur. Les Oscars auront donc fort à faire cette année encore avec un film engagé certes, mais surtout beau dans sa profondeur et son émotion.