Le Président Macron a changé personnellement mais pas sa politique. Il est descendu de son piédestal jupitérien en parlant aux Français à travers la presse. L’exposé liminaire du Président prévu pour 20 minutes a duré une heure. Pour le Président de la République, la France doit se transformer en articulant sa politique autour de quatre modules dominés par la refondation de la démocratie, l’organisation de la République, transformation de la haute fonction publique, transition écologique. C’est un discours patchwork dans lequel les quatre modules ont été mélangés sans donner l’impression de réponse précise : aucun élément chiffré sur la baisse des dépenses publiques, sur celle des impôts et sur les ressources éventuelles participant au financement de la baisse des impôts.

Le discours présidentiel a été généraliste et philosophique à la manière de son mentor Paul Ricoeur.

Le Président Macron a reconnu, avec honneur, que ce sont les gilets jaunes qui l’ont obligé à modifier sa politique sociale et promouvoir le Grand Débat National. Il revient ensuite sur l'expression des "premiers de cordée" très utilisée au début de son quinquennat. "Je n’ai pas réussi à me faire comprendre", concède-t-il sans revenir sur le sens donné à cette métaphore. "Pour monter plus haut, il faut tirer les autres, il faut faire monter ceux qui sont à chaque hauteur de la corde", continue-t-il, écrit Le Monde. Le Président a planté le décor en reconnaissant que notre démocratie avait besoin d’une revitalisation.

Emmanuel Macron, au cours de sa conférence de presse, déclare qu’il faut lever les malentendus et expliquer autrement la politique et sa gouvernance à nos concitoyens en leur redonnant une espérance pour eux-mêmes et pour la nation. Apolline de Malherbe ayant évoqué « la boule au ventre » des Français chaque matin, le chef de l'Etat ne limite pas ce sujet au pouvoir d'achat mais à des « angoisses profondes », relate le Monde.

Macron, très fort dans sa façon de rendre compte du débat national, a endormi les journalistes (sauf les femmes journalistes) incapables d’être plus incisifs dans les questions posées. Les questions pratiques concernant l'impôt demeurent. En revanche, Macron a avancé une idée forte : travailler davantage pour résoudre les problématiques liées à la hausse des salaires.

Le Président de la République est contre l’utilisation d’un jour férié pour financer la dépendance et de façon globale il renvoie les acteurs sociaux à une conférence sociale pour traiter des salaires et de la retraite.

Dynamiser la nouvelle démocratie

Pour le Président Macron, les élections sont essentielles pour la représentation nationale. Il estime que les élus que sont les maires sont la colonne vertébrale de la République. Il faut une part significative de la proportionnelle avec une limitation du nombre de mandats dans le temps. Pas de vote obligatoire, droit de pétition au niveau local, valorisation d’un référendum par initiative partagée et pas de référendums permanents comme le veulent les gilets jaunes.

Le Président Macron est dans une approche de mise en place de chantiers permanents et non de recherche de réelles solutions. Après avoir identifié dans son diagnostic les sentiments d’injustice portant sur la fiscalité le territoire, le social, le manque de considération et reconnu les problèmes liés au climat, à l’immigration, au numérique, au déclassement et au vieillissement de la population, Macron reste droit dans ses bottes en estimant que sa politique mise en oeuvre est la bonne et que les Français vont s’en apercevoir assez rapidement. Macron estime qu’il faut réformer le mode de délégation du pouvoir en accentuant la décentralisation et en réformant la manière d’administrer le pouvoir.

Il pense que nous sommes une nation et non pas une société d’individus dans laquelle chacun opterait pour promouvoir ses propres intérêts.

Travailler davantage et baisser les impôts des classes moyennes

Le travail est pour le Président la mantra de référence pour promouvoir la richesse du pays, participer à la lutte contre les inégalités fiscales tout en luttant contre les vraies inégalités qui sont d’origine et de naissance. Il faut créer des classes à effectifs réduits. Concernant la transformation de la haute fonction publique, il s’agit de revoir les modalités de recrutement à l’ENA en élargissant celui-ci à toutes les classes sociales. Il s’agit d’inscrire l’ENA dans un nouveau pacte national et social qui permet de réaffirmer la permanence du projet français : être Français, c’est la langue, l’éducation, la lutte contre les inégalités et la valorisation de la maison France , mobilisée pour la lutte en faveur de la transition écologique, le climat, l’emploi, l’Europe et la jeunesse.