Édouard Philippe, Premier ministre, a remis la démission de son gouvernement lundi. Mais le maire du Havre n'est pas resté bien longtemps éloigné de Matignon, car Emmanuel Macron lui a confié la tâche de former un nouveau gouvernement. Une décision intervenue au lendemain des élections législatives, largement remportées par la République en Marche. Pour rappel, le parti de la majorité présidentielle a décroche 350 sièges sur un total de 577 à l'Assemblée nationale, et même si la vague Macron annoncée a été moins importante que prévue lors du deuxième tour des élections législatives, LREM et son allié du MoDem disposent bien de la majorité absolue.

Pour Edouard Philippe, la priorité est donc de former un nouveau gouvernement d'ici mercredi, sans Richard Ferrand. Impliqué dans une affaire d'attachés parlementaires mais aussi une autre affaire immobilière, ce proche d'Emmanuel Macron a tout de même été réélu député dimanche. L'occasion pour le Président de la République de lui proposer le poste de président de groupe de la République en Marche, écartant ainsi en douceur Ferrand du gouvernement. Une tâche a priori abordable, puisque LREM devra composer avec des Républicains qui se sont vus infligés une défaite historique et un Parti Socialiste en miette. La France insoumise pourrait de même se faire entendre, avec 17 députés au compteur, dont Jean-Luc Mélenchon.

Même chose pour le Front National, qui compte 8 députés, dont Marine Le Pen. Deux personnages publics qui pourraient faire du bruit à l'Assemblée nationale.

Un gouvernement dévoué et une majorité à l'Assemblée

Du bruit, c'est justement ce que pourrait affronter Emmanuel Macron dans les jours et semaines à venir. Le nouveau gouvernement, une fois formé, devrait commencer à plancher sérieusement sur une série de mesures visant à renforcer la sécurité, à renforcer la législation sur l'éthique dans la vie publique et à réformer les lois sur l'emploi.

Tout cela va se faire par l'intermédiaire du Parlement lors d'une session spéciale débutant le 27 juin. Emmanuel Macron pense sans doute que sa bonne cote depuis le début de son mandat va permettre de faire passer tout cela sans heurt. Mais l'élection de dimanche, et la forte abstention, montre bien que le président actuel et sa majorité n'ont pas été choisis par une majorité de Français.

Les réformes prévues devront être abordées avec prudence si l'ancien ministre de l’Économie de François Hollande ne veut pas mettre la rue en colère. La fameuse rue, qui a fait reculer tant de gouvernements lors des mandats précédents. Face à Macron, les syndicats ont d'ores et déjà prévenu qu'ils résisteraient aux modifications apportées au droit du travail qui affaiblissaient les droits des travailleurs.

Le gouvernement face à la rue ?

De son côté, la République en Marche se veut confiante. Le parti, qui n'existait pas il y a plus d'un an, s'est vu confié le pouvoir et une majorité capable de mener des réformes par les Français qui se sont exprimés dans les urnes. Porte-parole du gouvernement et réélu député dimanche, Christophe Castaner estime que « la vraie victoire aura lieu dans cinq ans, quand nous aurons vraiment changé les choses ».

D'ici là, l'action d'Emmanuel Macron va devoir bénéficier d'un soutien public plus important s'il souhaite mener à bien sa politique. En effet, compter sur une majorité absolue à l'Assemblée nationale pourrait ne pas être suffisant face à la colère de la rue, décidée à défendre certains acquis sociaux. Les prochaines semaines pourraient donc être décisives pour le suite du mandat du Président de la République, dont l'état de grâce pourrait vite se dissiper au cœur de l'été.