Hier soir dimanche, France 2 proposait un concept novateur pour interviewer le président de la République. Deux mois après une première intervention sur TF1, Emmanuel Macron s'est prêté une nouvelle fois à l'exercice sur la chaîne publique, mais l'Elysée a décidé d'en finir avec les interrogatoires autour d'une table, comme le font généralement les présidents quand ils souhaitent s'adresser aux Français. Hier, Laurent Delahousse et son hôte ont déambulé pendant près de 40 minutes au sein du Palais de l'Elysée, passant de salles en salles et de couloirs en couloirs.

De nombreux observateurs ont même reproché le ton "mielleux" du journaliste, qui a interpellé Emmanuel Macron sur différents sujets.

L'interview a été enregistrée mardi dernier, juste avant le départ du président pour le Château de Chambord, où il a fêté Noël avant l'heure en famille en fin de semaine. Le chef de l'Etat a surtout abordé le thème du climat, mais également le guerre contre l'Etat Islamique en Syrie, la réforme du Code du Travail et celle de l'audiovisuel public.

La bataille du réchauffement climatique

Après avoir révélé qu'il dormait peu depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron aborde le sujet sensible du réchauffement climatique et de la transition écologique. Il souhaite d'abord que le ministre d'Edouard Philippe en charge de ces questions, Nicolas Hulot, reste à son poste : "Là, il apprend les contraintes de l'exercice politique.

(...) Il n'est jamais satisfait, mais il agit".

Au sujet des Etats-Unis, qui ont décidé de se retirer de l'accord de Paris sur le climat, le président regrette les prises de position de Donald Trump, pour qui le problème est secondaire. Selon Emmanuel Macron, le chef d'Etat américain est dans le déni, même si ses décisions doivent être respectées, car il s'agissait d'engagements pris devant les électeurs pendant sa campagne il y a maintenant plus d'un an.

Le président français admet lui-même son évolution sur ce sujet sensible, après avoir compris que "dynamisme économique" et "exigences climatiques" n'étaient pas incompatibles. Il rappelle sa décision récente d'interdire l'usage du glyphosate, un pesticide potentiellement cancérigène utilisé dans de nombreuses exploitations agricoles françaises.

Sur le dossier nucléaire, Emmanuel Macron attend les différents rapports de l'Autorité de sûreté avant de fermer certaines centrales et en moderniser d'autres. Il souhaite également développer les énergies renouvelables, et faire de la France "un exemple de transformation numérique et environnementale".

Les autres thèmes abordés

Parmi les autres sujets abordés par Laurent Delahousse et le chef de l'Etat, ce dernier rappelle sa volonté de poursuivre sans relâche la lutte contre le terrorisme. Tout en continuant d'agir au Sahel, il prévoit la fin de la guerre en Syrie en Février ou Mars prochain, après un premier succès récent en Irak, où l'Etat Islamique a presque disparu.

Sur le terrain de la politique intérieure, Emmanuel Macron assume la part d'impopularité des réformes qu'il a engagées depuis le début de son quinquennat, notamment celle sur le Code du Travail.

Tout en admettant qu'elle n'aura pas de conséquences immédiates sur la baisse du taux de chômage en France, il promet "des résultats dans les cinq ans".

Le président souhaite également réformer l'audiovisuel public, en revoyant le budget qui lui est alloué chaque année afin de moderniser son "architecture" et revoir ses objectifs à long terme.

Enfin, il conclue en annonçant que des moyens supplémentaires seront mis à contribution pour "les banlieues et les personnes les plus modestes", selon le souhait de nombreuses voix qui se sont élevées dans l'opposition ces dernières semaines.