Emmanuel Macron, après quelques jours de vacances à la neige dans les Pyrénées, présente ses vœux aux Français pour la nouvelle année. Ce sont des vœux particulièrement attendus car Macron a changé la façon de faire de la politique en France. Macron continue la tradition initiée par le Général De Gaulle dans les années 1960 en s’adressant directement aux Français depuis l’Elysée.
On attendait Macron au niveau du cadre et du style. 2017 a été une année très politique qui a permis à Macron de montrer son savoir-faire. On lui a reproché son côté jupitérien pendant que d’autres acceptaient cet aspect qui redonnait du lustre à la fonction présidentielle.
Il a tenu parole après son élection en mai 2017 en disant qu’il faisait ce qu’il avait dit et qu’il disait ce qu’il faisait.
Macron était attendu au coin du bois après l’interview donné à TF1 à l’Elysée et à Delahousse sur France 2. Le cadre élyséen et le style présidentiel dans sa communication étaient attendus. Essayons d’en voir les résultats dans les faits.
Le style de la communication présidentielle aux Français
Le rythme était lent, le débit aussi, avec la volonté de convaincre. On retrouve un Macron très humble fondé sur l’empathie et la solidarité, lui, le Président Jupitérien, qui a voulu dès les premiers jours de sa fonction être en haut de l’Olympe. On a vu un Macron solennel, revenu sur terre au nom de ce que je désigne par communication de proximité.
Que nous dit Macron, après les remerciements à ceux de nos compatriotes qui travaillent ce soir, après la compassion pour ceux qui sont seuls ou malades ? Macron a indiqué que la France a fait un choix en 2017 en le désignant comme Président de la République pour transformer la France. Pour le Président, le Premier Ministre et le gouvernement sont au travail et mènent avec précision l’agenda présidentiel de transformation de la France.
Pour 2018, il a évoqué une série de dossiers/défis. Le cadre était celui d’un des bureaux de l’Elysée, proche de la fenêtre avec comme décor les drapeaux français et européen. Sur la forme du discours, le Président était concentré, regardant les Français les yeux dans les yeux en établissant une communication de proximité par télévision interposée.
C’est un premier exercice pour lui. La question est-elle celle de la force du verbe ou de la conviction ? Laissons aux commentateurs de la vie publique, le soin de le dire. Le Président est resté dans des généralités fortes. On attendait des inflexions plus précises mais était-ce l’endroit et le lieu ? On a cru assister à un discours du 14 juillet.
Les dossiers/défis évoqués par le Président au cours des vœux trop longs
- Les territoires ruraux : il faut accompagner la transformation par les transports et la numérisation.
- Les quartiers populaires : il faut lutter contre les discriminations.
- L’Outremer : il faut installer des filières économiques fortes pourvoyeuses d’emplois.
- Le monde du travail : il faut veiller au droit à l’erreur des entreprises et des indépendants.
- Les fonctionnaires : il faut clarifier leurs missions.
- Le plan international : il faut rendre à la France sa place en Europe en tant que grande Nation, forte à l’intérieur grâce à une production qui favorise plus de solidarité et au plan européen et il faut permettre à l’Europe de dessiner un grand projet de souveraineté plus démocratique et économique qui lui permette de faire face à la Chine et aux Etats Unis. Dans ce concert européen, la relation entre la France et l’Allemagne doit être poursuivie. Il a insisté sur la lutte contre le terrorisme au Levant, au Sahel et sur le sol national en rendant un hommage aux policiers et aux militaires et en invoquant une grammaire de la paix et de l’espérance indispensable à la stabilité du monde.
A la fin de son intervention, le Président est revenu au plan national en s’adressant aux Français en les exhortant à plus de concorde, de responsabilité individuelle de chacun d’entre nous vis-à-vis de la République en nous interrogeant sur ce qu’il est utile de faire pour la Nation, même si celle-ci, grâce à l’école, la formation continue, l’innovation, apportera à chacun de nous un espace de vie.
Il estime que le peuple français est un grand peuple capable de l’exceptionnel et de l’esprit de conquête. En fait, pour le Président, le travail est facteur d’enrichissement, la fraternité, la solidarité, l'égalité homme/femme sont des moteurs importants pour la cohésion nationale, même si des efforts doivent être faits dans des domaines sociaux aussi nombreux que ceux de la santé, du handicap, des migrations, des sans-abris.
Entre tradition et renouvellement de l'exercice des vœux, Macron a introduit un classicisme nouveau en demandant aux Français de prendre leur part du projet collectif pour la renaissance française.