La Corse, une épine dans le pied d'Emmanuel Macron ? Ce mardi et jusqu'à mercredi, le président de la République est en déplacement sur l'île de Beauté avec une volonté : discuter et tenter de désamorcer les tensions apparues depuis quelques temps avec les dirigeants nationales corses. Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, et Gilles Simeoni, président du conseil exécutif, attendent eux ce rendez-vous avec impatience. « La parole présidentielle va être très écoutée en Corse. Il faut que le signal soit très clair », a même clamé Jean-Guy Talamoni, conscient que cette visite peut-être un tournant dans l'histoire des relations entre la France et la Corse.

Un tournant... dans le bon, comme dans le mauvais sens. Les deux dirigeants de l'île de Beauté ont une force, celle d'avoir été élus triomphalement il y a de cela plusieurs mois. Les nationalistes ont l'assentiment du peuple corse, et ils comptent bien en profiter en défendant les intérêts de la Corse face à Emmanuel Macron. Un président de la République qui avait effectué un déplacement sur l'île lors de la campagne présidentielle, mais qui s'est depuis montré très discret, voire évasif, sur ce sujet brûlant, voire même explosif.

Commémoration de l'assassinat du préfet Erignac

Quel est donc le programme d'Emmanuel Macron durant ces deux journées ? Ce mardi, le président de la République a d'abord asssité, à Ajaccio, à la cérémonie de commémoration des 20 ans de l'assassinat du préfet Erignac.

Pour rappel, Claude Erignac, préfet de l'île de Beauté depuis 1996, a été assassiné le 6 février 1998 à Ajaccio par des indépendantistes corses. Les auteurs de l'assassinat ont tous été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité. La présence d'Emmanuel Macron ce samedi lors de cette commémoration, vingt ans après les faits, est donc un symbole fort.

Gilles Simeoni était lui aussi présent lors de cette cérémonie. Les deux hommes, ainsi que Jean-Guy Talamoni, se retrouvent ensuite à partir de 19h pour un entretien. Les discussions entre les trois hommes promettent d'être animées, et il sera difficile d'avoir une idée du contenu avant mercredi. Emmanuel Macron sera alors à Bastia et prononcera un discours.

Le président de la République reconnaîtra-t-il plus d'autonomie à la Corse ? Ou au contraire, remettra-t-il l'île de Beauté à sa place, comme un département français sans aucun droit de plus que les autres ? C'est là tout l'enjeu de ce déplacement de deux jours.

La place de la langue corse fait débat

« Si les portes du dialogue restaient fermées, nous serions dans une situation de crise, de blocage politique », s'est inquiété Gilles Simeoni au micro d'Europe 1. Imaginer une issue positive de cette rencontre entre le président de la République et les dirigeants corses tient de l'optimisme, tant les sujets de blocages sont nombreux. La mention de la Corse dans la Constitution, tout comme le rapprochement de prisonniers.

La co-officialité de la langue corse, réclamée par Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, sera également discutée. « Il y a une langue dans la République : le français. Mais la langue corse y a sa place et doit pouvoir être enseignée », avait ainsi lancé Emmanuel Macron en avril dernier, alors qu'il n'était pas encore président de la République. Le président Macron reviendra-t-il sur sa position ? Peu probable, mais en discuter est déjà un grand pas pour la Corse qui réclame, de manière globale, plus d'autonomie. Emmanuel Macron répondra-t-il à leurs attentes ? Réponse ce mardi et mercredi lors d'un déplacement qui a des allures de tournant historique dans les relations entre la France et la Corse.