Emmanuel Macron est sorti de son silence. Accusé de mutisme par une grande partie de l'opposition, le président de la République a donné sa version des faits mardi soir, du côté de la Maison de l'Amérique latine à Paris, devant les députés de la majorité La République en Marche. Concernant les actes du 1er mai, le chef de l’État évoque ainsi « une trahison ». Un Emmanuel Macron qui assure avoir fait confiance à Alexandre Benalla et que cette confiance a volé en éclats le 1er mai. De plus, le président de la République assure qu'il a bien confirmé la sanction à l'encontre de son ancien garde du corps.

Alors que Gérard Collomb et Edouard Philippe, respectivement ministre de l'Intérieur et Premier ministre, ont déjà été entendus à propos de cette affaire, Emmanuel Macron est allé loin dans ses propos mardi soir. « S'ils veulent un responsable, il est devant vous. Qu'ils viennent le chercher », a ainsi lancé le président de la République, qui assume donc l'entière responsabilité de l'affaire Benalla. Alors que l'opposition n'hésitait pas à parler de fusible pour évoquer notamment son directeur de cabinet, Patrick Strzoda, Emmanuel Macron joue le contre-pied.

Pas d'avantages pour Benalla selon Patrick Strzoda

Mardi, un peu plus tôt, la tension est montée d'un cran supplémentaire avec l'audition de Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cet homme de l'ombre a joué son rôle en dédouanant le président de la République concernant l'affaire Benalla. Patrick Strzoda a ainsi affirmé que la sanction à l'encontre de l'ancien garde du corps, après les actes du 1er mai, était sa décision. Le chef de cabinet d'Emmanuel Macron a assuré avoir pris la décision seul alors que le chef de l’état était en déplacement à des milliers de kilomètres.

Autre révélation intéressante, celle assurant qu'Alexandre Benalla ne bénéficiait d'aucun avantage particulier. Pourtant, ces derniers jours, la presse évoquait avec insistance la mise à disposition d'un logement de fonction pour Alexandre Benalla, mais aussi d'un badge d'accès à l'Assemblée nationale. Patrick Strzoda s'est ainsi expliqué devant des députés parfois frustrés, puisque le chef de cabinet n'est pas entré dans les détails sur certains sujets.

L'affaire est donc encore loin d'être close aux yeux des parlementaires.

Les députés veulent voir Macron s'expliquer

Pour l'opposition, la donne est claire : Emmanuel Macron doit s'expliquer en personne, face aux Français. Sur ce sujet, quels que soient les partis politiques, le son de cloche est le même. « Qu'il parle ou qu'il parte », a ainsi lancé Florian Philippot sur le plateau de RT France. Le président du mouvement Les Patriotes est ainsi sur la même ligne que son ancienne alliée, Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, mais aussi Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France. A gauche, Jean-Luc Mélenchon est sans doute le plus virulent, notamment sur son compte Twitter personnel, où il somme Emmanuel Macron de venir s'expliquer devant la Commission d'enquête.

Ancien candidat du Parti Socialiste lors de l'élection présidentielle, Benoît Hamon aimerait lui aussi voir le président de la République s'exprimer en Commission d'enquête. Mais Emmanuel Macron viendra-il s'expliquer devant la Commission d'enquête ? C'est peu probable. En effet, aux yeux de l'Assemblée nationale, c'est bien le gouvernement qui est responsable d'une telle affaire, selon l'article 67 de la Constitution. Un article qui empêcherait donc Emmanuel Macron de donner sa version des faits devant les parlementaires de l'opposition.