Après avoir connu un épisode auquel il ne s'attendait pas avec la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la Transition Ecologique en début de semaine, Emmanuel Macron est parti s'aérer l'esprit en visite d'Etat au Danemark en compagnie de son épouse Brigitte. Mais il n'imaginait sans doute pas se retrouver une nouvelle fois au coeur de la polémique, la faute à une malheureuse phrase prononcée devant la communauté française vivant sur place. En ventant les mérites du modèle économique et politique local, il a soudain comparé le peuple danois au peuple français : "Ce peuple danois luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n'est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement !".

Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat y va d'une petite pique à l'encontre de la population française dans son ensemble.

Peu après son élection, en déplacement en Roumanie, il avait déjà déclaré que les Français "détestaient les réformes". Quelques mois plus tard, en Grèce, il y avait eu l'affaire des "fainéants". Hier mercredi, la nouvelle petite phrase d'Emmanuel Macron n'a fait que confirmer l'adage 'Jamais deux sans trois'.

Mais le président de la République ajoute être parvenu à provoquer un "changement culturel" au sein du peuple français. Devant les représentants du patronat danois, il a même insisté sur la transformation prévue de la France sous son quinquennat : "Les Français changent d'état d'esprit, ils sont beaucoup plus ouverts au risque", précise-t-il en louant les mérites de la "flexisécurité". Il s'agit du système danois pour lutter contre le chômage.

Son principe consiste à indemniser généreusement les chômeurs tout en les obligeant à se déplacer sur le territoire national pour occuper les postes vacants. Mais dans l'ensemble, les Français détestent changer de domicile, ce qui pose beaucoup moins de problèmes aux Scandinaves.

La classe politique réagit aux propos d'Emmanuel Macron

Le "Gaulois réfractaire au changement" a immédiatement fait réagir la classe politique française, à l'image de la présidente du Rassemblement National Marine Le Pen, qui qualifie le chef de l'Etat d'arrogant et de méprisant. Le député France Insoumise Alexis Corbière évoque de son côté "des propos d'une sottise confondante".

A droite, chez Les Républicains, le député de Moselle Fabien Di Filippo voit une certaine "négation de l'identité française et une nouvelle insulte" dans les propos du président Macron, qu'il surnomme le "président Rothschild".

A l'Elysée, le service communication s'est immédiatement mis en ordre de bataille pour tenter d'éteindre la polémique. Le Palais a ainsi annoncé que les relations du chef de l'Etat avec son homologue local et la Reine du Danemark étaient excellentes, et que le peuple français avait élu Emmanuel Macron pour réformer leur pays, ce que son gouvernement fait au quotidien : "Les Français attendent désormais de lui qu'il fasse des transformations". Sont-ils donc si réfractaires au changement ?

L'identité européenne pour répondre aux nationalistes

Le président de la République a également placé son séjour au Danemark sur le thème de l'identité. Il souhaite ainsi répondre aux nationalistes européens qui, de l'Italie à la Hongrie en passant par les Pays-Bas, ont fait de lui l'un de leurs principaux ennemis. En effet, Emmanuel Macron n'a jamais caché son intérêt pour la naissance d'une réelle identité européenne. Il estime d'ailleurs que les Danois ont déjà intégré cette notion : "Le vrai Danois n'existe pas", clame-t-il, "il est déjà Européen". Le locataire de l'Elysée insiste enfin sur un Danemark "ouvert au reste du monde" tout en étant "attaché à sa propre culture", à la différence d'une France trop longtemps restée "fermée au reste du monde".

La campagne pour les élections européennes du mois de Mai 2019 semble être lancée.