Demain mardi sera une journée importante pour Emmanuel Macron, Edouard Philippe et le gouvernement. Outre l'annonce d'un remaniement ministériel suite à la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire, une réunion sera organisée au Palais de l'Elysée pour arbitrer la mise en place du prélèvement de l'impôt sur le revenu à la source à partir du 1er Janvier 2019.

Ce lundi, la situation est encore particulièrement confuse, et l'exécutif s'interroge sur le bien-fondé de la mesure. En effet, selon les informations du quotidien Le Parisien publiées samedi, les premières simulations menées par le ministère du Budget ont révélé jusqu'à plus de 350.000 Euros d'erreurs pour le mois de Février.

Le système qui doit être mis en place l'an prochain aurait ainsi prélevé plusieurs fois l'impôt à certains contribuables, notamment à ceux qui portent le même nom qu'un autre individu sur le territoire. Par ailleurs, les employeurs, qui auront désormais la charge du prélèvement de l'impôt avant de le reverser à l'Etat, ne seraient pas tous prêts, et craindraient les erreurs comptables.

La DGFIP répond aux interrogations

Le lendemain de la publication de ces révélations par Le Parisien, la Direction Générale des Finances publiques (DGFIP) a tenu à apporter une réponse. Les tests effectués et les erreurs détectées "ont permis d’identifier les doublons cités dans la presse et de déterminer comment les traiter pour éviter qu'ils se reproduisent.

(...) Ces expérimentations ont permis d’améliorer encore le dispositif".

Samedi, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, déclarait pourtant que le report du prélèvement à la source était bel et bien à l'ordre du jour, mais pour une question politique, non pas technique. Même si il défend la mesure, il estime que les Français ne sont peut-être psychologiquement pas prêts.

Les salariés imposables verront en effet le montant final de leur fiche de paye baisser après prélèvement de l'impôt. En cette période de ralentissement économique, est-il raisonnable d'imposer moins de pouvoir d'achat immédiat aux contribuables, au risque d'affaiblir davantage la croissance ?

Par ailleurs, selon des sources gouvernementales dont les propos ont été recueillis par Le Monde, c'est le président de la République Emmanuel Macron qui serait de plus en plus réticent face à ce changement de taille, qu'Edouard Philippe défend de son côté bec et ongles, soutenu par Gérald Darmanin.

De leur côté, les agents de la DGFIP rappellent qu'il reste encore quatre mois avant le coup d'envoi prévu du prélèvement à la source, ce qui, selon eux, est largement suffisant pour corriger les erreurs : "Utiliser une phase de tests destinée à identifier les bugs pour descendre la réforme, cela nous consterne. Il n’y a aucune raison au report, sinon politique, à quelques mois des élections européennes".

Une réforme à 300 millions d’euros

Enfin, rappelons que l'abandon de la réforme reviendrait à avoir gaspillé 300 millions d'Euros depuis trois ans, dont 10 millions en communication, sans compter les autres économies qui pourraient être faites à l'avenir sur les démarches administratives auprès de la Direction générale des Impôts.

Par ailleurs, en terme de lutte contre la fraude, le prélèvement à la source permettrait à l'Etat d'engranger 700 millions d'Euros de recettes supplémentaires chaque année. La semaine qui débute sera donc décisive, d'autant que c'est à partir du 15 Septembre que les taux d'imposition des salariés doivent progressivement être transmis aux entreprises pour que leurs services comptables commencent à travailler sur les futures fiches de paye version 2019.