Le choix de cette tête de liste LR avait étonné, voire détonné. En janvier dernier, nombreux poids lourds de la droite comme Rachida Dati, Valérie Pécresse, ou encore Gérard Larcher s’interrogeaient sur la pertinence de cette candidature. Aujourd’hui, l’avenir semble s’être éclairci pour ce philosophe agrégé, et adjoint au maire de Versailles. Sondages en constante progression, polémiques en série chez LREM, et possible retour des fillonistes au bercail, la droite reprend des couleurs et de l’espoir. À tel point qu’à l’Élysée, on surveille avec inquiétude cette remontada surprise.

Une entrée en campagne compliquée

C’était en janvier 2019. La nomination de François-Xavier Bellamy inquiète alors jusque dans son propre camp. Et pour cause, proche de la « Manif pour tous », les médias cristallisent leur attention sur son « opposition personnelle à l’avortement ». Bien qu’il exclut de remettre en cause la loi Veil, le mal est fait et le jeune homme devient la cible idéale pour les progressistes du centre et de la gauche. La droite conservatrice et catholique est de retour : le parfait ennemi en somme. Son apparence « bon chic bon genre » est raillée par Marine Le Pen vantant Jordan Bardella, son candidat de Seine Saint-Denis face à « Bellamy le Versaillais ».

La campagne commence bien…

Bellamy, un style qui plaît

Au fur et à mesure des semaines, François-Xavier Bellamy a su apaiser et rassembler sa famille politique. Son style n’y est pas pour rien. Le philosophe se hisse au-dessus des attaques ad hominem en maniant les concepts et en développant un idéal de droite vers lequel la France et l’Europe doivent tendre selon lui.

C’est ce même style qui inquiète du côté de la République en Marche. Ses valeurs conservatrices plaisent au socle des Républicains, son apparence calme et pondérée pourrait plaire aux centristes et à la droite modérée. Aussi, il profite d’une mauvaise passe pour Nicolas Dupont-Aignan dont l’un des lieutenants, Bruno North, déclare dans l’Incorrect : « Bellamy, c’est Kaa dans le Livre de la Jungle ».

Remontée de Bellamy : panique chez En Marche

Pour la majorité, la campagne qui semblait être acquise se transforme en chemin de croix. Ces deux dernières semaines, Nathalie Loiseau a enchaîné les bourdes et les polémiques. D’après les derniers sondages, la liste RN est même passée devant la majorité dans les intentions de vote. De quoi faire paniquer jusqu’à l’Élysée. Le chef de l’État a en effet sermonné son équipe gouvernementale pour son manque d’implication : « Le monde a changé ! Il faut vous bouger. Je veux que vous alliez sur le terrain avec vos administrations deux fois par mois et que vous rendiez compte ». Depuis, des membres de la majorité, Stanislas Guerini et Amélie de Montchalin en tête, viennent au secours du soldat Loiseau en attaquant Bellamy. Ainsi, les marcheurs ont compris une chose : la gauche, éclatée, se partage un tas de ruines. La droite, elle, bouge encore. Il faudra anticiper, et prévoir.