Alors que le jeune Théo a quitté l'hôpital aujourd'hui, et que des manifestations contre les violences policières ont toujours lieu à travers la France, plusieurs extraits des déclarations du policier mis en cause pour "Viol" ont été diffusés. Son audition a eu lieu le 2 Février, peu après 19 heures. Le gardien de la paix parle effectivement de coups de matraque, mais en aucun cas de pénétration volontaire. Voici le récit de sa version, recueillie par L'Express et Europe 1, et publiée aujourd'hui.
Ce jour-là, il patrouillait dans la cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois avec ses collègues, lorsqu'il a aperçu un individu déjà connu des services de Police pour "trafic de stupéfiants".
Après avoir palpé ce dernier, les policiers ont voulu en faire de même avec Théo, qui se serait alors violemment débattu : "Il se débattait, portait des coups-de-poing à tout-va, gesticulait en tous sens, même des jambes", ajoute le policier. Alors que l'un de ses collègues, entraîné dans une chute, est parvenu à plaquer Théo sur le sol, ce dernier serait devenu "encore plus virulent". "Alors que je venais de lui saisir le bras, je recevais de sa part un coup-de-poing au niveau de la pommette gauche. Durant quelques instants, j’ai été sonné". Pour se protéger des coups de pied du jeune homme, le policier aurait alors utilisé sa matraque télescopique en lui portant des coups à l'arrière des cuisses, mais Théo serait malgré tout parvenu à se relever, avant de "piétiner" l'un des membres des forces de l'ordre.
Le policier mis en cause aurait alors à nouveau porté des coups de matraque à l'arrière des jambes de Théo "dans l'espoir de lui faire perdre l'équilibre et de l'amener au sol". Ce qui fut chose faite ; Théo a ensuite été menotté, puis conduit au commissariat d'Aulnay-sous-Bois.
Transfert au commissariat
Les versions de Théo et du policier divergent ensuite.
Selon l'avocat du jeune homme, la matraque a été enfoncée dans son rectum volontairement. Mais selon l'audition du gardien de la paix, la plaie n'a été remarquée qu'une fois arrivés au poste. "Je n’ai aucune idée de la façon dont cette plaie a été faite", conclut-il, attestant d'une blessure involontaire. Théo a ensuite refusé d'être examiné par un médecin au commissariat.
Il a alors été conduit par les pompiers à l'hôpital, où la gravité de sa déchirure a été constatée.
Dans sa déposition, le policier aujourd'hui accusé de "viol" insiste donc sur l'extrême violence dont Théo aurait fait preuve pendant son contrôle, puis son interpellation. Il va maintenant devoir être confronté à une seconde accusation, celle de Mohamed K., un autre habitant de la Cité des 3000. Ce dernier raconte aujourd'hui que ce même agent de police, surnommé "Barbe Rousse" dans le quartier, l'aurait passé à tabac pendant 40 minutes, sans aucune raison, une semaine plus tôt. Mohamed, qui venait tout juste de trouver un emploi, a déclaré avoir eu peur de le perdre en allant porter plainte. Mais l'histoire de Théo, qu'il connait bien, a changé la donne.