Les choses ont été faites en grand pour les obsèques de Johnny Hallyday décédé le 5 décembre dernier. La France s'est réunie autour de sa dépouille, comme si elle remplissait sa dernière volonté : être réunie malgré ses différences.
Le roi du rock, roi du peuple ?
« Le fils de personne » s’est éteint, à l’âge de 74 ans. Ses obsèques ont été à la hauteur de celles de grandes personnalités populaires qui appartiennent à tous : présence de tous les médias et retransmission en direct et en entier de la cérémonie sur une chaîne du service public, mais aussi sur-représentation du gotha politico-médiatique.
Johnny Hallyday a marqué la France. Et c'est tout naturellement qu'elle lui rend hommage, notamment à travers les mondes du sport et de la télévision. Même le président de la république était présent, pour manifester son soutien auprès de la famille du défunt, et auprès de tous les français qui s'étaient déplacés en nombre - certains médias parlent d'un million de personnes réparties entre l'arc de triomphe et l'église de la Madeleine, et comparent ses obsèques à celles de Victor Hugo pour leur popularité (BFM TV). Dans ce sens, ce samedi 9 décembre fut un moment de réconciliation nationale, exploit réussi par Johnny par delà la mort. Il est parvenu à rassembler toutes les classes sociales au même endroit, au même moment.
Comme pourrait seul le faire un roi, au-dessus des contingences sociales et politiques.
Dans l'église, aux côtés des riches et des puissants, les pauvres
C'est ce qui frappe quand on revoit les images de la cérémonie : rarement les classes populaires ont été si exposées à la télévision, aussi longtemps. On peut même parler de temps d'antenne important.
Eux qui habituellement ne sont pas ou peu interviewés, malheureusement faute de savoir faire passer des messages calibrés, de connaître les codes, ils ont été montrés, vus. Dans plans fixes sur leurs visages, tristes, usés par la vie, des travellings longs sur leur foule amassée derrière les barrières de sécurité. Une imposante foule de fans était présente pour accompagner à l'unisson le cortège funèbre de leur idole de l'avenue des Champs-Élysées jusqu'à l'Eglise de la Madeleine.
De façon plus fugace, on les a aussi vus dans l'église, revêtus de leurs blousons en cuir et en jeans, avec leurs cheveux longs, leurs bagues et leurs chaînes. François Hollande les avaient nommés les sans dents dans un sms privé adressé à Valérie Trierweiler son ex-compagne, en 2 014. Cette fois, personne n'a osé l'ironie, tant le moment était intense et sacré.
Johnny, l'archétype du baby boomer
Johnny est l'ami de tous les baby boomers ou presque, tant il leur a fourni la bande son de leur existence. Il incarne leur modèle, l'insouciance, l'hédonisme, l'admiration pour le mode de vie américain, et son rock'n roll. Sa disparition est un tremblement de terre, elle secoue le corps social. Toute la France est émue.
Est-ce parce qu'elle annonce un prochain grand déséquilibre, avec la disparition à venir de toute la génération du baby-boom ? Ou parce qu'elle rend orphelines des générations entières ? Des fans de plusieurs générations, Johnny Hallyday ayant commencé sa carrière dès l'âge de 17 ans. Quoiqu'il en soit, Johnny restera Johnny, celui qui, de son vivant ou après sa mort, réussit à réunir tous les milieux sociaux au même endroit pour partager une émotion. Et de faire oublier à tous qu'il était parti loin de la fiscalité française et de ses principes de redistribution. Bravo l'artiste !