C'est la chute d'un homme très controversé. L'éminent universitaire suisse Tariq Ramadan, qui est notamment professeur d'études islamiques contemporaines à l'Université d'Oxford, a été mis en examen pour viols vendredi soir, puis placé en détention. Ramadan, 55 ans, est inculpé de Viol sur deux femmes. Ces dernières l'ont accusé de les avoir violemment agressé dans des chambres d'hôtel à Lyon et à Paris en 2009 et 2012 après des conférences. Auteur et commentateur de l'Islam moderne, le conférencier et professeur a nié en bloc ces accusations. Après deux jours d'interrogatoire, Ramadan, qui est marié et père de quatre enfants, a été présenté devant trois magistrats qui ont été assignés à l'affaire.

Des magistrats qui doivent désormais déterminer une chose : l'utilité d'un procès. Pour rappel, Tariq Ramadan est un citoyen suisse dont le grand-père, Hassan al-Banna, a fondé le mouvement égyptien des Frères musulmans. Visage connu, il est désormais l'incarnation du fonctionnement de la campagne visant à éradiquer les agressions sexuelles et le harcèlement envers les femmes. Une campagne née suite à l'affaire Harvey Weinstein aux États-Unis, qui a déclenché beaucoup de choses en France.

Des actes survenus à Lyon et à Paris

La première plainte envers Tariq Ramadan a été faite par Henda Ayari, 41 ans, une activiste féministe qui dirige désormais l'organisation Les Libératrices. Elle a déposé une plainte auprès des procureurs à Rouen en octobre 2017 concernant le viol, la violence sexuelle, le harcèlement et l'intimidation par Ramadan.

Elle a déclaré avoir été agressée par lui dans une chambre d'hôtel à Paris après une conférence en 2012. Elle avait même avoué se sentir « en danger extrême » à ce moment-là, comme elle l'avait confié dans un entretien accordé au Parisien. Henda Ayari a déposé plainte le 20 octobre, et quelques jours plus tard seulement, une femme handicapée, ayant gardé l'anonymat, a accusé l'universitaire de l'avoir violée et de l'avoir violemment agressée dans une chambre d'hôtel de Lyon, en 2009.

Dans les colonnes de Vanity Fair, elle évoque « des coups au visage et au corps, une sodomie forcée, un viol avec un objet et diverses humiliations ». Cette femme a déclaré que Ramadan avait demandé à la rencontrer au bar de l'hôtel Hilton à Lyon, où il participait à une conférence en 2009. Elle avait déjà été en contact avec lui en ligne pendant quelques mois, en quête de conseils.

Tariq Ramadan nie en bloc

Tariq Ramadan n'a d'ailleurs pas hésité à rejeter purement et simplement les différents témoignages. « Les deux parties ont maintenu leurs positions », selon une source officielle. La police a interviewé des dizaines de personnes proches de Ramadan et des deux femmes, mais a également examiné les échanges de courriels et de réseaux sociaux entre eux. Tariq Ramadan a également mis en cause par plusieurs anciennes élèves en Suisses, quatre exactement, mais ces dernières n'ont pas encore décidé de porter plainte. Avec cette mise en examen et cette incarcération, l'étau se resserre donc plus que jamais sur Tariq Ramadan, un personnage public et polémique. Habitué des apparitions sur les plateaux de télévision, il a plusieurs fois créé la polémique à travers ses propos, que ce soit concernant sa volonté d'un Islam réformiste, ses propos sur la lapidation des femmes face à Nicolas Sarkozy ou encore ses accusations envers les services secrets français concernant l'attentat de Charlie Hebdo. Désormais, Tariq Ramadan est engagé dans un long processus, lui qui va devoir préparer la défense la plus solide possible pour arriver à s'en sortir.